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que j’avais demandés à M. Boutin, alors directeur général des Contributions directes : sa bonne volonté fut insuffisante. On a cherché cependant des élémens de solution, en déterminant des cas particuliers et en généralisant. On a trouvé tantôt une proportion de 63 pour 100 (63 propriétaires pour 100 cotes) ; tantôt de 59,4 pour 100. La loi de 1897 sur le dégrèvement des petites cotes (jusqu’à 25 francs) a fourni un élément d’appréciation singulièrement plus important : il s’est trouvé que 3 202 175 petits propriétaires ont réclamé et que le nombre de leurs cotes s’élevait à 5 405 032 ; d’où il résulte, pour le rapport du nombre des propriétaires à celui des cotes, une proportion de 59,24 pour 100, — certainement beaucoup plus élevée quand il s’agit de ce qu’on appelle la grande propriété.

Raisonnant d’après ces données, sans les suivre aveuglément, je pense m’éloigner très peu de la réalité en établissant comme il suit le tableau de la répartition du sol entre ses propriétaires, en France :


Nombre des propriétaires Contenance totale possédée (en hectares). Proportion par rapport à la contenance totale Contenance moyenne de chaque propriété (en hectares).
595 000 5 211 456 19, 55 p. 100 0, 87
125 000 5 543 347 15, 27 — 6
780 000 19 217 902 38, 91 — 24, 6
80 000 9 398 057 19, 03 — 117
16 000 8 017 542 16, 24 — 506
807 600 49 388 304 100

Il n’y a donc pas en France de « grand propriétaire, » de landlord. Nos plus « grands propriétaires » sont de pauvres hères auprès des possesseurs du sol du Royaume-Uni. Les quatre cent vingt et un grands propriétaires anglais possèdent à eux seuls plus de territoire que les détenteurs des 17 000 cotes de cette catégorie que nos Contributions directes décorent du titre officiel de : Très Grande Propriété.

Ainsi, chez nos voisins, quelques milliers de propriétaires ; chez nous des millions, nécessairement tous contribuables si l’on veut percevoir quelque chose.

On peut donc, de l’autre côté de la Manche, astreindre aux investigations et aux formalités nécessaires pour établir l’impôt sur le revenu agricole les 5 774, même les 161 482 propriétaires qui possèdent l’Angleterre (ils s’y soumettent d’ailleurs