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manière de penser dans toutes les occasions, et par l’attachement inviolable qu’elle a témoigné à mes parens jusque dans leur captivité, et particulièrement à ma tante Elisabeth dont elle était au service et qui en faisait grand cas. J’imagine même que vous aurez été instruit, mon cher oncle, que j’avais demandé qu’elle me suive, quand je suis partie de France. On me l’a refusé. Ainsi, sous tous les rapports, si la duchesse de Sérent était libre, je serais bien heureuse de l’avoir pour dame d’honneur et de la pouvoir trouver à Mitau à mon arrivée.

« Je vous remercie extrêmement, mon cher oncle, de m’avoir envoyé le portrait de mon cousin, il m’a fait grand plaisir et me paraît bien différent du premier. Quant à sa lettre, dont vous me parlez, je ne l’ai pas reçue, mais je me flatte cependant qu’elle n’est pas perdue et que vous l’aurez peut-être oubliée. »

On était en plein hiver quand la duchesse de Sérent fut définitivement désignée pour remplir auprès de Madame Royale les fonctions de dame d’honneur ; Le Roi savait que sa nièce n’arriverait pas à Mitau avant le mois d’avril de l’année suivante. Ainsi qu’il le mandait à son frère, il s’était résigné à cette attente de cinq ou six mois. Pour en tromper les longueurs, il s’occupait de tous les détails concernant la future Duchesse d’Angoulême et même des plus insignifians en apparence.

« J’ai été ces jours-ci voir l’appartement qui vous est destiné. J’espère que vous en serez contente. J’ai cependant une petite inquiétude. Il est exposé au midi, et j’ai entendu dire que vous craigniez la chaleur dans les appartenions. Si cela était, vous me feriez grand plaisir de me le dire, parce qu’alors je proposerais à mon neveu qui doit loger dans le double, au nord, de troquer avec vous, et quoiqu’il craigne aussi le chaud, il sera heureux de vous faire ce léger sacrifice. Je dois cependant vous dire une chose : c’est qu’à mon sens, l’appartement du midi est plus joli que celui du nord, quoiqu’ils soient tous les deux de la même grandeur : mais le premier me semble mieux distribué. Je ne saurais vous exprimer le plaisir que je prends à vous parler de ces arrangemens de détail : ils me paraissent hâter l’instant fortuné. »

Madame Royale ne pouvait qu’être très touchée par ces incessantes attentions. « J’ai été pénétrée de tous les détails dans lesquels vous voulez bien entrer par rapport à mon logement. Celui que vous m’auriez destiné m’aurait toujours convenu, mais je