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REVUES ÉTRANGÈRES

UNE AVENTURIÈRE ITALIENNE AU XVIIe SIÈCLE
CHRISTINE DE NORTHUMBERLAND


La Vita Barocca, par Corrado Ricci, 1 vol. in-18. Milan, 1904.


Par une belle soirée d’août, en l’an 1680, une dizaine de jeunes femmes étaient assises sur les bancs extérieurs du palais Paleotti, à Bologne, prenant le frais et s’entretenant galamment avec des cavaliers debout devant elles. Il y avait là toute la fleur de l’aristocratie bolonaise ; et, ainsi que cela se passait toujours dans ces réunions, la conversation était conduite par la maîtresse de la maison, la belle et charmante marquise Christine Paleotti. Or, comme on en était venu à parler d’une autre grande dame de Bologne, la marquise Christine, qui n’avait pas l’habitude de cacher sa pensée, s’était mise à rappeler, « avec une extrême liberté, » diverses aventures d’amour qu’avait eues cette dame à Venise, et à Bologne même. Alors, l’une des jeunes femmes qui l’entouraient, la marquise Catherine Roverelli Malvezzi, après l’avoir laissée « vider son sac, » sourit d’un sourire amer, et, se tournant vers elle, lui tint ce discours : « A vous entendre parler de la Locatelli, on croirait vraiment que vous avez oublié ce que vous avez fait vous-même, et ce que vous continuez à faire ! Ce que vous avez fait, le comte Antoine Trotti le sait bien, qui a dépensé des trésors pour vous ; le savent bien aussi le comte de Pignoranda et d’autres cavaliers de Milan, sans compter ceux de Florence et de Rome ; et nos Bolonais, aussi, le savent bien, que vous vous êtes efforcée d’attirer dans vos filets. Mais eux, Dieu merci, n’ont pas été les merles naïfs que