Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 25.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

militaire un rapport important sur des observations relatives à la gymnastique et aux marches.

« J’ai eu, dit-il, sous mes ordres 48 conscrits qui tous étaient moniteurs de gymnastique bien exercés. Pendant les deux ou trois premières semaines, ce peloton était le meilleur de la compagnie. Mais ensuite le peloton des moniteurs de gymnastique fut dépassé par les autres pelotons dont les conscrits devenaient de plus en plus résistans aux marches et moins sensibles au poids du fusil et du sac. A la fin, le peloton des moniteurs de gymnastique était décidément le plus faible et celui qui résistait le moins aux fatigues des marches. Le peloton des conscrits moniteurs, à qui la bonne volonté ne faisait sûrement pas défaut, dut le reconnaître. Si ce peloton n’avait pas reçu une instruction prolongée de gymnastique, il eût été un modèle. Mais la gymnastique avait tout gâté. »

Pourquoi le Conseil supérieur de l’Instruction publique se refuserait-il à donner aux instituteurs des instructions précises en vue de développer les forces physiques des enfans ?

« Il faudrait pour cela, ajoute Mosso, que l’instituteur fût celui qui préparerait les enfans pour qu’ils aient moins à souffrir dans l’accomplissement des devoirs militaires. Il ne doit pas croire qu’il suffît de conduire des jeunes gens à travers la campagne et au soleil, un bâton ferré à la main. Il faut qu’il sache graduer l’énergie du travail et la varier selon l’âge et selon les effets que l’on veut en tirer. De là une étude spéciale et une instruction qui doit lui être donnée dans les écoles normales. Les jeunes gens ne sont pas tous coulés dans le même moule et entre une personne et une autre, il y a de très profondes différences. Pour ces marches et pour les exercices de gymnastique suédoise, les jeunes gens doivent être classés selon leurs aptitudes physiques comme ils le sont pour leurs aptitudes intellectuelles. L’exercice du corps dont les jeux de lutte forment la base devrait devenir une instruction populaire et les philanthropes devraient s’intéresser à l’amélioration physique de leurs concitoyens. Quiconque veut la nation armée doit porter toute son attention sur les hommes débiles et prendre à tâche de réagir contre les inconvéniens de la vie urbaine, qui rend myope, nerveux, effile le squelette, atrophie les muscles et diminue l’aptitude aux fatigues de la guerre. »

Il ne semble pas qu’en France nous soyons près d’entrer