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LA GRANDE MADEMOISELLE

VI.[1]
LA CAPTIVITÉ DE LAUZUN LA FIN D’UNE PASSION. — MORT DE MADEMOISELLE.

La plupart des événemens qu’il nous reste à raconter sont demeurés obscurs. Ils figureraient dans les recueils d’énigmes historiques s’ils avaient plus d’importance ; mais aucun ne méritait cet honneur. Aucun n’a influé sur la marche des affaires en France, comme l’avait fait trente ans plus tôt le lien qui soumettait Anne d’Autriche à Mazarin ; aucun non plus ne possède l’attrait romanesque qu’offrait la légende du Masque de fer avant d’être éclaircie. En revanche, ce sont de ces choses qui nous rendent l’ancienne société française très présente et très vivante, et la part de mystère qu’elles contiennent n’est pas pour en diminuer l’intérêt : il n’y a que dans les romans que tout finit toujours par s’expliquer.


I

Le plus obscur peut-être de ces événemens est le mariage de la Grande Mademoiselle avec le « petit homme, » comme elle-même appelait Lauzun dans l’intimité. Les contemporains y ont cru à peu près unanimement, sans pouvoir ni s’entendre sur

  1. Voyez la Revue des 1er septembre 1902, 1er décembre 1903, 1er mars, 15 août et 1er octobre 1904.