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archevêché de Cologne semblera présider à l’église d’Allemagne ; Lennig enfin, qui dans sa stalle de chanoine, à Mayence même, concertera l’organisation de l’Allemagne catholique. Elle avait produit une revue maintenant octogénaire, le Catholique, fonder par Raess et par Weis. On venait à Tubingue d’inaugurer un périodique, destiné surtout aux théologiens : la revue de Mayence s’adressait à un public plus large, elle se proposait d’éclairer l’opinion catholique et de lui donner conscience d’elle-même ; c’était une tribune, attirante pour un orateur ; et nous verrons bientôt comment survint, en la personne de Goerres, un orateur qui avait besoin d’une tribune.

Féconde en hommes, féconde en œuvres, l’école de Mayence n’exerça ni ne voulut exercer, à proprement parler, une influence scientifique. Encore que Liebermann ait un des premiers donné l’exemple d’introduire dans l’exposé des dogmes un aperçu de leur histoire, son livre des Institutions théologiques demeure surtout le type d’un excellent manuel, ce qui était beaucoup, à vrai dire, pour l’Allemagne de 1819, mais rien de plus qu’un manuel. Il était réservé, cependant, à l’école de Mayence, de marquer sa place dans la théologie allemande par le témoignage qu’elle avait rendu de bonne heure, et presque seule au-delà du Rhin, à l’Immaculée Conception et à l’infaillibilité pontificale. Le 8 décembre, fête de l’Immaculée, était la fête du séminaire ; et quant à l’infaillibilité, Liebermann et Raess l’affirmaient dans leurs entretiens ; Klee, qui fut plus tard professeur à Bonn et à Munich, traduisait le livre de Joseph de Maistre sur l’Église gallicane ; et Liebermann consentait à ce que l’édition romaine de son livre fût enrichie de quelques pages où l’opinion « infaillibiliste, » dont le concile du Vatican fera un dogme, était formellement professée. A l’heure où les agitations dogmatiques soulèveront entre Rome et l’Allemagne catholique des nuages opaques, c’est parmi les disciples, immédiats ou indirects, de l’école de Mayence, que se recruteront les meilleurs champions du nouvel article de foi.

Ce fut enfin l’honneur de l’école de Mayence d’avoir restauré dans les consciences une exacte notion de la vocation et de la vie sacerdotales, et d’avoir rendu au prêtre, vis-à-vis de lui-même, ses titres de dignité. Ceux-là mêmes, en Allemagne, à qui la nuance du Catholique fut souvent importune, et pour qui l’infaillibilité fut longtemps un épouvantail, prodiguent pourtant leur