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sans doute, n’obtiennent pas tout ce qu’ils veulent et n’abandonnent pas de bon cœur tout ce qu’ils concèdent ; et Geissel, tout le premier, se plaint que les ecclésiastiques qu’il souhaite de voir appelés à la faculté de théologie de Bonn soient tous éconduits par le gouvernement. Mais la Prusse, du moins, a décidément mis en vigueur d’autres maximes de droit ecclésiastique ; et pour l’Église, c’est là l’essentiel. Dans la gérance de l’Eglise catholique, telle que la concevait et la pratiquait Frédéric-Guillaume III, il y avait quelque chose d’essentiellement contraire à la constitution ecclésiastique, d’essentiellement incompatible avec les droits de la monarchie pontificale : les premiers actes de Frédéric-Guillaume IV ont mis un terme à cette politique d’affronts.

L’on publiait à Paris, en 1842, un livre intitulé : De la Prusse et de sa domination sous les rapports politique et religieux, spécialement dans les nouvelles provinces, par un inconnu. Le vicomte de Failly, qui en était l’auteur, avait eu de longues conversations avec Auguste Reichensperger et quelques autres notabilités catholiques ; et son œuvre était un écho, très instruit, des récriminations rhénanes contre le dernier règne. Mais il se hâtait d’ajouter, quelle que fût sa malveillance pour la Prusse :


La partie religieuse de ce livre peut, dès à présent, être considérée comme presque uniquement historique, non parce que les dispositions légales, vexatoirement portées par le régime précédent, ont entièrement disparu, tant s’en faut, je ne crois même pas qu’elles soient abrogées, mais parce qu’on les laissera dormir, parce que, dans la pratique, elles ne se produiront plus avec la même rigueur, parce qu’enfin les actes de persécution cesseront tout à fait.


On ne pouvait mieux définir, dès 1842, les changemens qui déjà s’annonçaient. A des rapports nouveaux, des organes nouveaux devaient correspondre.

Hier une bureaucratie, protestante en majorité, faisait passer ses ordres aux évêques ; désormais allait exister, au ministère berlinois des Cultes, une section catholique (Katholische Abteilung), composée de catholiques, et chargée de s’occuper des affaires de l’Église romaine. Dès le 11 janvier 1841, Frédéric-Guillaume IV créa cette institution : elle devait, jusqu’au Culturkampf, assurer à la Prusse trente années de paix religieuse. Schmedding, dont nous avons vu le rôle équivoque dans l’affaire des mariages