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catéchisme révèlent Dieu, et ce qu’a fait Dieu, après avoir créé la race humaine, pour la racheter de la faute et la créer à nouveau. Les trois derniers livres révèlent l’individualisation du règne de Dieu dans les âmes, et comment Dieu nous offre ce règne, et comment nous l’acceptons, comment enfin se peut et se doit produire son avènement en nous, conséquence de son avènement en dehors de nous ; les théories de la justification, de la sanctification et de l’Église apportent cette révélation. Enfin le sixième livre nous fait assister au complet épanouissement du règne de Dieu dans l’au-delà. L’œuvre entière est comme une histoire de Dieu en fonction de l’homme, un récit des avances que fait à chacun de nous l’Invisible, jusqu’à l’éternité qui le rendra visible. Le jésuite Kleutgen, expert à saisir dans les constructions théologiques les moellons fragiles ou les lézardes cachées, n’a pas épargné Hirscher : il lui reproche d’avoir trop exclusivement insisté sur l’œuvre d’éducation que Dieu opère en nous en vue de son règne, et beaucoup trop peu, au contraire, sur la création toute gratuite de l’homme nouveau par la grâce divine, préface indispensable de cette éducation. Quelques réserves qu’on puisse faire sur les tendances d’Hirscher, un fait subsiste : c’est que les efforts du professeur de Fribourg, depuis sa Catéchétique, publiée en 1831, jusqu’aux éditions successives de son Catéchisme, qui s’échelonnèrent de 1845 à 1862, ranimèrent le zèle pédagogique du clergé. Pour la commodité des enfans, les manuels du prêtre wurtembergeois Schuster et bientôt ceux du jésuite Deharbe remplaceront ceux d’Hirscher, mais c’est à lui, pendant longtemps, que recourra le prêtre allemand pour se faire une âme de catéchiste. Hirscher eut d’ailleurs la bonne fortune de trouver en un de ses disciples, Alban Stolz, un interprète accompli : par ses trois volumes d’Explications, Stolz met de l’air dans la synthèse un peu dense qu’avait édifiée le maître : il y introduit du laisser-aller, de la bonhomie ; il l’éclairé, çà et là, d’un sourire familier, un de ces sourires tels que Stolz savait les faire rayonner.

Catéchiste à ses heures, Alban Stolz eut le don de comprendre que la formation d’un peuple catholique requiert une littérature populaire catholique, et que tout en lui, qualités et défauts, le prédestinait à la créer. Ses études de théologie à Fribourg lui avaient fait perdre la foi, son séjour dans la ville protestante de Heidelberg la lui avait rendue ; et, sans