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Cologne ne pouvait pas devenir une pierre angulaire pour la réunion des confessions. Quelques spéculatifs rêvaient comme Perthes : c’était, à Francfort, le publiciste Carové ; c’était à Berlin le jurisconsulte Savigny, qui, dans ses lettres à Ringseis, s’attardait à espérer que le mysticisme séparatiste qui s’épanouissait en Wurtemberg et en Bavière serait peut-être le germe de l’unité des confessions, sous l’influence réchauffante de l’Esprit ; c’était, enfin, ce journaliste d’Aschaffenburg qui créait une feuille appelée Concordia, où la page luthérienne et la page catholique s’adossaient l’une à l’autre…

Les incidens de Cologne survinrent ; ils suscitèrent, non seulement une revendication de la liberté de l’Eglise, mais une tactique de représailles contre l’infiltration presque officielle du protestantisme prussien dans les pays rhénans. « Dès maintenant, écrivait Jean Laurent, le futur évêque de Luxembourg, une séparation tranchée existe, très favorable à la cause catholique, sur les ruines de ce mic-mac que la violence prussienne voulait imposer : voilà l’œuvre révolutionnaire de Clément-Auguste. » — « Serait-il vrai, reprenait le libraire Perthes, que la plaie qui a séparé la nation allemande en deux parties ennemies saignât encore comme il y a deux cents ans, et que le combat d’aujourd’hui ne fût que le signe extrême d’une séparation profonde, intime ? » Précisément, en H esse, le professeur Riffel, de la faculté de théologie catholique de Giessen, publiait un livre sur la Réforme, qui allait souligner cette « séparation profonde, intime : » au lendemain de ce livre, l’État hessois le congédiait, et tout de suite, en guise de réplique, le clergé de Mayence et les étudians de Giessen dénonçaient à l’évêque l’atmosphère protestante de cette université. Diepenbrock pouvait déplorer que « la lutte de partis poussât tout à l’extrême ; » Radowitz pouvait souhaiter que les deux confessions, mettant un terme à leur « guerre de guérillas, » se liguassent contre le radicalisme : la « plaie » dont parlait Perthes avait recommencé de saigner, et pour longtemps.

Les fêtes de Cologne, les fêtes de Trêves, les courtoisies du roi de Prusse à l’endroit du catholicisme, l’orientation catholique de la politique bavaroise, inquiétaient les protestans. « On se demande, écrit Varnhagen dans son journal en 1844, si la reine de Prusse serait encore secrètement catholique, et si le Roi va le devenir. Les empiétemens du clergé inquiètent ; cela finira