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pas de dépasser. Au-delà des microsomes visibles, les anatomistes ont supposé l’existence de corpuscules invisibles, hypermicroscopiques, plastidules de Haeckel, gemmules, biophores, pangènes de De Vries, idioblastes de Dertwig, micelles de Naegeli, tagmas de Pfefler. À tous ces naturalistes les particularités de configuration révélés par le microscope n’ont été que d’un faible secours pour l’explication du fonctionnement de la cellule vivante. C’est pour cela qu’ils ont imaginé ces élémens hypothétiques auxquels ils ont conféré les propriétés qui leur paraissaient nécessaires pour rendre compte des faits vitaux.

La marche constante de l’anatomie a consisté à décomposer en parties de plus en plus petites les organismes complexes qui s’offrent à son examen, avec le secret espoir de les résoudre en leurs élémens ultimes. Au siècle dernier un pas immense avait été accompli dans cette direction par les fondateurs de la doctrine cellulaire, Schleiden, Schwann et leurs successeurs Kölliker, Max Schultze, Ranvier. Ils établirent que tous les tissus étaient constitués par une sorte de boue microscopique dont chaque grain était construit sur un prototype-commun, la « cellule », organite de quelques microns de diamètre. Montrer la généralité de cette constitution cellulaire, dans tous les tissus, chez tous les animaux et chez toutes les plantes ; suivre la filiation de chaque élément anatomique depuis la cellule-œuf jusqu’à son état adulte, telle avait été la besogne des premiers micrographes, botanistes, zoologistes, anatomistes et médecins.

À dater du dernier tiers du XIXe siècle, les efforts des observateurs se tournèrent vers l’analyse de cet élément anatomique lui-même, la cellule, considérée jusqu’alors comme le terme ultime de la complication structurale. Strassburger, Bütschli, Flemming, Heitzmann, Balbiani, Guignard, montrèrent l’extrême complexité de cet élément et lui firent subir la même dissection pénétrante à laquelle leurs prédécesseurs avaient soumis l’organisme tout entier en le démembrant en groupemens de complications décroissantes, appareils, organes, tissus, et cellules. Ils aperçurent dans la cellule une sorte d’édifice très complexe avec noyau, vacuoles, leucites, inclusions diverses ; et au bleu d’une matière homogène ils montrèrent l’existence dans le protoplasma, à la limite de visibilité, de granulations très petites, de microsomes unis par un ciment pour former des chaînes, rubans ou filamens chromatiques diversement enchevêtrés. Là s’arrête, avec la puissance d’analyse du microscope, l’observation positive. L’au-delà, qui a été suppléé par les vues de l’esprit, par les hypothèses des plastidules, des pangènes ou autres, appartient maintenant au domaine