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L’ALLEMAGNE CATHOLIQUE
ENTRE 1800 ET 1848

VII.[1]
L’ANNÉE 1848

Les révolutions naissent d’un incident ; souvent il est tragique, parfois comique : à Paris, en 1848, ce fut un soldat qui par mégarde fit partir son fusil ; à Munich, à la même époque, ce fut une danseuse qui fit claquer les portes. Sur l’heure, on n’entrevoit rien de plus qu’un tout petit fait, qui ressemble à une chiquenaude du hasard, et cette chiquenaude met en branle un peuple. Les seules révolutions efficaces, et dont les conséquences soient durables, surgissent on ne sait comment et presque on ne sait d’où, comme des improvisations et non comme des complots, et l’on dirait plutôt des puissances naturelles qui se déchaînent, que des volontés humaines qui se combinent. C’est la victoire de l’indiscernable force des choses sur la docte dialectique des prophètes : c’est la revanche de Dieu, suprême metteur en scène, sur l’orgueil des hommes d’État, qui d’acteurs deviennent comparses dans une pièce qu’ils n’ont point machinée. Les mouvemens concertés et attendus peuvent troubler l’histoire ; seuls, les mouvemens imprévus et déconcertans la font dévier.

  1. Voyez la Revue des 15 juillet 1903, 15 janvier, 1er et 15 septembre 1904, 1er et 15 février 1905.