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Versailles, d’un muséum et chargea ses membres, d’après leurs connaissances spéciales, de s’occuper des diverses sections (peinture, sculpture, livres, collections d’histoire naturelle, instrumens de musique, etc.) entre lesquelles tous ces objets furent répartis pour être catalogués et classés.

Plus tard, en juin 1795, cet essai quelque peu sommaire fut amélioré par le représentant du peuple André Dumont. Chargé de l’administration du département de Seine-et-Oise, il prit à cœur de faire exécuter le décret de la Convention, proposé par Barrère, qui décidait que les palais de Versailles, de Fontainebleau, de Compiègne, étaient exceptés de la vente générale des anciens biens de la Couronne et affectés à des établissemens publics. Dans cette tâche, Dumont eut la bonne fortune d’être aidé par un collectionneur passionné, doublé d’un homme de goût et d’un habile administrateur, Hugues de Lagarde, naguère président de la Chambre des Comptes de Grenoble, alors retiré à Versailles. Chargé « de surveiller toutes les parties du muséum et de se concerter avec les administrateurs du département et du district pour leur proposer tous les chargemens qu’il croirait convenable de faire, » Lagarde s’entoura d’hommes compétens dont son livre-journal nous a conservé les noms : Pilon pour la sculpture, Damarin et Gazard pour la peinture, Lauzan pour le dessin et la gravure, Mayeur pour la bibliographie, Fayolle pour l’histoire naturelle, Péradon pour la botanique, Bêche pour la musique, Huvé, ancien inspecteur du palais, pour l’architecture. On voit par cette liste qu’il s’agissait d’une véritable et sérieuse organisation. Lagarde obtint même de se faire adjoindre comme principal collaborateur Durameau, ancien peintre ordinaire du Roi, auteur du plafond de l’Opéra de Versailles, qui, nommé par Louis XVI gardien de ses tableaux, avait, en 1784, dressé un inventaire de la collection royale de peinture.

Malgré des difficultés sans cesse renaissantes, malgré le manque d’argent qui finalement devait arrêter ses efforts, Lagarde accomplit un travail de classement et de conservation considérable, étendant son intelligente sollicitude, non pas seulement aux tableaux et aux sculptures, mais à tous les objets confiés à ses soins. Tantôt il fait remettre en état les pendules, chefs-d’œuvre d’ingénieuse mécanique, que l’on voit maintenant encore dans les anciens appartemens du Roi ; tantôt il prescrit de transporter au palais, pour les soustraire aux intempéries des