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ses gloires et les rassemblant dans un même sanctuaire… »

Cet hommage national, que le gouvernement de Juillet se montrait justement fier d’avoir rendu à toutes les gloires de la France, n’était ni sans noblesse, ni sans grandeur, et les reproches qu’on peut adresser aux détails de l’exécution ne doivent point faire méconnaître l’œuvre elle-même, qui obtint un éclatant succès. Pour se convaincre, s’il en était besoin, que Louis-Philippe ne perdit ni le temps, ni l’argent qu’il consacra à la restauration de Versailles, il suffirait de songer au grand nombre de Français et d’étrangers qui n’ont cessé de le visiter depuis trois quarts de siècle, prenant le plus vif intérêt à parcourir cet admirable parc, ces beaux appartemens, ces vastes galeries, à regarder toutes ces statues, tous ces tableaux de batailles, tous ces portraits d’hommes célèbres. Quelques critiques que puissent formuler les délicats et les gens de goût qui, avec une entière raison, s’emploient à réparer les erreurs artistiques de Louis-Philippe et de ses collaborateurs, le palais de l’ancienne monarchie ne pouvait recevoir une affectation ni plus intelligente, ni meilleure. Eût-on, sans celle-ci, réussi à sauvegarder longtemps ces immenses bâtimens qui exigeaient et exigent encore, sans cesse, de si nombreuses réparations ? Comment, après que le château avait perdu sa destination première, eût-on justifié, autrement que par une évidente raison d’intérêt public, les dépenses que nécessite son entretien ?

Après avoir célébré avec enthousiasme la transformation de Versailles, tel qu’il sortit des mains de Louis-Philippe, on en a plus tard parlé avec une sévérité souvent excessive, parfois méritée. Au double point de vue, tant historique qu’artistique, il y aurait certes de très vifs regrets à exprimer au sujet de beaucoup de ces travaux exécutés à une époque où, sauf de rares exceptions, l’on avait de la restauration des monumens une conception singulière. Louis-Philippe à ses rares qualités de jugement et de fin bon sens n’était pas sans joindre un certain sentiment des choses d’un ordre élevé ; mais, s’il savait témoigner aux artistes et aux écrivains une intelligente sympathie, il n’en était pas moins, par excellence, l’homme de son temps. Aussi avec quelle rage destructrice, — le mot n’est pas trop dur, — furent traités les charmans intérieurs, remplis de fins et délicats détails, que l’on sacrifia, sans nul remords, à l’installation des salles du nouveau musée ! Ainsi en fut-il des beaux appartemens