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l’histoire de France, — se plaisait à se souvenir de ses visites à Versailles, au château ou à l’atelier d’Horace Vernet qui, plein d’entrain et de bonne humeur, avait le don de l’égayer par des causeries ou des boutades que l’on se plaisait à citer. Un jour, entrant chez le peintre, il le voit qui se met à effacer la croix sur la poitrine d’un personnage d’un ses tableaux : « Que faites-vous donc là, Horace ? — Ah ! Sire, je m’étais trompé ; j’avais cru que ce brave militaire, qui possède les plus beaux états de service, avait la croix ; je viens d’apprendre qu’il n’en est rien et je l’efface. — Eh bien ! ne l’effacez pas, » reprit Louis-Philippe, et, du coup, le protégé d’Horace Vernet se trouva décoré.

En ces dernières années, l’on a eu une tendance peut-être un peu trop marquée à contester toute valeur à l’œuvre qui, à Versailles, est restée celle de Louis-Philippe. Tout au moins eut-il le mérite, il n’est que juste de le répéter, d’y maintenir ou d’y réunir toutes ces belles collections de portraits, de sculptures, de médailles qui sont pour l’art comme pour l’histoire de la France de précieux documens. N’y aurait-il à Versailles que l’incomparable galerie de portraits du XVIIe siècle qui, des attiques où on les avait si fâcheusement relégués, ont été redescendus dans les appartemens dont ils étaient jadis le complément et la parure, il faudrait savoir gré à Louis-Philippe d’avoir conservé ce fonds qui, en toute propriété, appartient à Versailles, et que, très malheureusement, on a un penchant si fâcheux à diminuer sans cesse en enlevant, pour les transporter au Louvre, les plus belles de ces œuvres d’art. Il n’est, non plus, guère moins injuste de confondre dans le même dédain, comme on est accoutumé de le faire trop superficiellement, tous les tableaux, tous les bustes, toutes les statues que Louis-Philippe commanda pour la décoration de Versailles. Lors de la lecture, à l’Académie française, du poème de Mme Louise Colet sur l’inauguration du Musée national, le secrétaire perpétuel, Villemain, avec quelque malice, effleura d’une épigramme, qui eut du succès, les peintures qui venaient de trouver à Versailles « un accueil inespéré et trop hospitalier. » Peut-on toutefois oublier qu’à Versailles, à côté de toiles brossées à la hâte, il y a de grandes et belles œuvres de David, de Gros, de Gérard, d’Isabey, d’Ingres, d’Ary Scheffer, de Schnetz, de Couder, de Cabanel, de David (d’Angers), de Pradier et de beaucoup d’autres artistes illustres ? Malheureusement, et on ne saurait trop le répéter, il en est de ces belles œuvres