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différens morceaux, coulés ou moulés séparément, d’une même pièce. Or il est des groupes en biscuit qui exigent jusqu’à 200 moules.

Le « biscuit, » ou pâte nue à l’aspect d’albâtre, dont le charme fut d’abord méconnu et que l’on ne se résigna, dans le principe, à vendre ainsi inachevé, que faute de pouvoir l’émailler et le peindre aussi bien qu’on le souhaitait, est l’état définitif de la plupart des statuettes. Pour les autres porcelaines, ce n’est qu’un état transitoire, entre le « dégourdi » et le « grand feu. » Les pièces, une fois prêtes pour la cuisson, sont placées dans des boîtes ou « gazettes » en terre réfractaire. Cet « encastage » est indispensable, parce que la porcelaine au four s’attendrit comme une pâte de guimauve et, pour fabriquer des étuis qu’une chaleur de 1 800 degrés ne fût pas susceptible d’amollir, la matière première, que l’on tire aujourd’hui d’Auvergne où elle coûte 13 francs les mille kilos, se paya longtemps 200 francs en Eure-et-Loir, à la carrière d’Abondant.


V

Ce nombreux matériel de « gazettes, » de « cerces » ou boîtes sans fond et de « rondeaux » ou disques sur lesquels on place les pièces à cuire, sont une des charges onéreuses de la fabrication. On les dispose de manière à utiliser le plus de place possible dans le four, et plus ou moins près des foyers, suivant le plus ou moins de chaleur qu’il leur faut. Les piles d’assiettes par exemple en exigent peu. Les pièces cuisent sur leur pied, lorsqu’il est assez solide pour les porter sans déviation, ou sur leur plus large ouverture. Cette installation de chaque objet dans sa « gazette, » puis de chaque colonne de gazettes superposées et calées par une ouvrière spéciale, la « colombineuse, » demande des précautions extrêmes. Il faut une symétrie parfaite entre les piles verticales, sur la sole du four, pour régulariser la cuisson et permettre la libre circulation des gaz.

Le four complètement rempli, on le ferme par deux murs de briques, enduits d’argile et séparés par du sable sec et fin. Tour ronde de 15 mètres de haut, compris la cheminée, aux murailles épaisses d’un mètre, divisée en deux étages de chacun une chambre ou « laboratoire » voûté, tel est le four moderne à porcelaines. Il est flanqué à sa base d’une dizaine de poches