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rouges, pendant la durée du refroidissement, était totalement perdu. Les porcelainiers et faïenciers avaient depuis longtemps cherché sans succès à en tirer parti.

Il est pleinement utilisé par le nouveau four, tunnel demi-circulaire dont la sole mobile glisse sur de petites roues. A mesure qu’une section de cette piste ronde en terre réfractaire, qui porte les pièces à cuire, s’engage dans la galerie souterraine et se rapproche du foyer central, une autre section, portant les pièces déjà cuites et en partie refroidies, sort par l’autre extrémité du tunnel. L’air indispensable à la combustion décrit une courbe contraire ; il s’échauffe, à son entrée, sur les produits brûlans qui viennent d’être cuits et, après avoir traversé le foyer, commence à cuire ou à sécher, en sortant, les produits qui attendent leur tour. De là grande économie ; d’autant plus qu’en substituant la flamme du gaz au chauffage direct par le charbon, on peut utiliser des combustibles inférieurs et de bas prix, des lignites, de la tourbe, voire des pommes de pin.

C’est durant la deuxième et dernière cuisson que doit se faire, pour les porcelaines et les faïences, l’accord entre la pâte et la « couverte. » Si la couverte se contracte sur une poterie pendant le refroidissement plus que la pâte, il y aura « tressaillure » ou craquelé, — défaut dont les Chinois ont su faire un agrément ; — si elle se contracte moins, il y a « écaillage, » elle se soulève. La science a depuis peu aplani les difficultés que rencontrait, de ce chef, le faïencier, par des travaux précis sur la dilatation irrégulière du sable, ou quartz, employé par lui.

La « couverte » ou émail est sans contredit la partie la plus délicate de l’art céramique ; elle doit s’étendre sans « retiremens » ni « bouillonnures. » Trop fusible, elle pénétrerait dans la pâte, et la glaçure deviendrait terne, « ressuyée ; » trop dure à fondre, elle se recouvre de petits trous que l’on désigne sous le nom de coque d’œuf. L’émaillage des grès communs, de ceux dont on fabrique des tuyaux et des cruchons, s’opère simplement par la volatilisation du sel marin jeté dans les fours à la fin de la cuisson. La couverte des faïences modernes est une glaçure transparente, faite d’acide borique, de feldspath et de plomb, en tout semblable à celle des porcelaines anglaises. A Limoges, on ajoute au feldspath et au quartz broyé des tessons de porcelaine cuite et un peu de kaolin cru.

Partout ailleurs, en Europe aussi bien qu’en Chine, on met