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dans la couverte jusqu’à 16 pour 100 de chaux ; ce qui l’expose aux rayures de l’acier, mais la rend plus accessible au décor parce qu’elle n’a besoin, pour cuire, que de 1 350 degrés de chaleur. La couverte, composée, moitié d’eau, moitié de matières solides finement broyées, ressemble au moment de son emploi à du lait fraîchement trait. Trente ou quarante secondes durant on y plonge les petites pièces ; les grosses séjournent une minute ou quatre-vingts secondes dans ce bain, au sortir duquel on fait la retouche en régularisant l’épaisseur du dépôt. Au lieu de l’immersion, les Chinois procèdent par aspersion ; Sèvres fait de même pour les couvertes colorées qui s’y posent maintenant à l’aide d’insufflateurs. Quant au « bleu de Sèvres, » ce célèbre enduit s’étend par couche au pinceau, parce qu’il se superpose à un émail déjà cuit au four.

La peinture s’exécute aussi, tantôt sur pâte crue, — c’est la décoration au « grand feu, » — tantôt sur biscuit ; en ce cas, une fois l’œuvre terminée, on la revêt d’une « couverte » qui, dans la moufle, entre en fusion et active les couleurs. Les moufles sont des fours de très petite dimension, sortes de boîtes à étages, en terre réfractaire, posées chacune sur un fourneau. C’est le « petit feu, » — 600 à 1 000 degrés, — qui dépasse rarement le point de fusion de l’argent, 935 degrés. Il suffit à cuire la couleur, à la fixer et ne risque pas de la dissoudre.


>VI

Les couleurs de porcelaine sont un mélange de divers métaux avec des fondans à base de sable, de minium et de borax : le cobalt donne les bleus dont on varie le ton par l’addition d’oxyde de zinc ; le nickel fournit des nuances violâtres ; le jaune de Naples vient de l’antimoine de plomb, le vert de l’oxyde de chrome, pur ou combiné à l’aluminium. Avec la mousse de platine on obtient du gris et avec l’iridium du noir. De ces mixtures, amenées à un grand état de ténuité pour se laisser manier au pinceau, on exige autant que possible, avant leur emploi, le ton qu’elles prendront après la cuisson. Mais ce ton parfois, comme on l’a dit plus haut, dépend de l’allure du feu : le céladon, issu du fer, ne s’affirme qu’avec la flamme réductrice ; tandis que, seule, la flamme oxydante crée le brun de manganèse ou le rose d’étain.