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pouvoir faire autrement. « J’ai combattu le combat de la foi, disait-il, pendant plus de la moitié de ma vie ; je me suis efforcé de rallier les gens à l’Église, quand d’autres courages défaillaient ; mais si le Symbole d’Athanase est touché, je ne vois rien à faire que résigner mon canonicat et abandonner mon combat pour l’Eglise d’Angleterre. Ce ne serait plus la même Eglise que celle pour laquelle j’ai combattu jusqu’ici ;… le terrain me serait coupé sous les pieds. » Seulement, que ferait-il, après avoir résigné ses fonctions ? Quelques personnes, dont le primat, avaient cru pouvoir augurer qu’il rentrerait dans la vie laïque. Il protesta, dans une lettre au Times, contre une telle hypothèse. « Ce qui serait mis en question, disait-il, ce ne serait pas l’exercice des ordres que j’ai reçus ; ce serait le caractère de l’Eglise d’Angleterre. » Et il ajoutait, non seulement dans cette lettre publique, mais dans une autre adressée, en même temps, à l’évêque Wilberforce : « Je n’ai considéré que le premier pas à faire, c’est-à-dire que je devrais abandonner la défense de l’Eglise d’Angleterre et, avec cela, la position que j’y occupe. Ce que serait le pas suivant, je ne le sais pas encore. » Toutefois, à l’entendre rappeler que « des politiques avisés s’étaient complètement trompés dans leurs calculs, au sujet de l’affaire beaucoup moins importante qui avait donné naissance à la Free Kirk, » on pouvait entrevoir chez lui l’arrière-pensée de fonder une Église indépendante[1]. Pensa-t-il, un moment, à chercher un refuge chez les Vieux catholiques ? Liddon lui écrivait, à ce propos, en février 1872 : « Moi aussi, je ne puis devenir un catholique romain, parce que je me refuse à croire à l’infaillibilité du Pape et à d’autres choses encore. Et, comme vous, j’ai pensé sérieusement au mouvement Vieux catholique. Si, par exemple, je suis à la côte au milieu de l’été (les choses ne me paraissent pas devoir en venir à un dénouement avant cette date), j’irai, je pense, à Munich, je ferai ce que je pourrai pour Döllinger et j’acquerrai ainsi les connaissances qui pourront m’être utiles plus tard en Angleterre[2]. » En tous cas, Pusey croyait au grand effet que

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 233 à 248.
  2. Life and letters of Liddon, p. 167. Cet engouement pour les Vieux catholiques devait persister quelque temps chez Liddon. Il croyait trouver là une satisfaction à la fois pour ses aspirations catholiques et pour ses préjugés antipapistes ; il s’imaginait en outre que, par une alliance de ce genre, l’anglicanisme aurait occasion de sortir de son isolement insulaire et de se rapprocher de l’Église universelle. Ainsi prit-il part, en 1874, non sans être critiqué à ce sujet par Pusey, aux conférences de Bonn, et témoigna-t-il à l’ex-père Hyacinthe sympathie et désir de seconder sa propagande. Toutefois, avec le temps, vint la désillusion, et, en 1888, il dut reconnaître que la secte ne justifiait pas l’espoir qu’il avait un moment fondé sur elle. (Life and letters of Liddon, p. 183 à 190, 265, 359.)