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d’Angleterre, contraindre un homme comme Tait à suspendre sa main[1]. » Enfin, en mai 1873, les évêques adoptèrent, sous la forme d’une déclaration synodale, la note suivante :


Pour écarter les doutes et prévenir l’inquiétude dans l’usage du Symbole appelé communément le Symbole de saint Athanase, ce synode fait solennellement cette déclaration :

1° Que la confession de notre foi chrétienne, communément appelée le Symbole de saint Athanase, ne fait aucune addition à la foi telle qu’elle est contenue dans la Sainte Écriture, mais met en garde contre les erreurs qui, de temps à autre, se sont élevées dans l’Église du Christ.

2° Que, comme la Sainte Écriture, en diverses places, promet la vie à ceux qui croient et déclare la condamnation de ceux qui ne croient pas, de même l’Église, dans cette confession, déclare la nécessité, pour tous ceux qui veulent être dans l’état de salut, de garder fermement la foi chrétienne, et le grand péril de rejeter cette foi. Aussi les avertissemens de cette confession de foi ne doivent-ils pas être compris autrement que les avertissemens semblables qui sont dans la Sainte Écriture ; car nous devons recevoir les menaces de Dieu, de même que ses promesses, de la manière qu’elles sont généralement présentées dans les Saintes Lettres. D’ailleurs l’Église ne prononce pas là de jugement sur une ou des personnes en particulier, Dieu étant seul le juge de tous.


Le succès était grand pour Pusey qui, avec son ami Liddon, et par la seule menace de leur départ, avait sauvé le Symbole en péril, et rien ne pouvait faire mieux mesurer quelle autorité il avait acquise dans l’Eglise d’Angleterre, depuis ces jours où, au lendemain de la sécession de Newman, ses coreligionnaires le regardaient comme un suspecta écarter ou tout au moins à surveiller. On ne saurait affirmer cependant que ce fût un succès définitif et sans retour. Les adversaires du Symbole ne désarmaient pas, et, dans la suite, on devait les voir, à plusieurs reprises, revenir à la charge. Jusqu’à présent, il est vrai, leurs tentatives ont échoué[2].

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 252, 256 à 258.
  2. Dans la réunion des Convocations, en mai 1904, la question du Symbole d’Athanase a été soulevée. L’évêque de Bristol a proposé la suppression des clauses damnatoires, et, fait plus grave, le prélat qu’on regardait, malgré certaines idées particulières, comme le porte-parole le plus autorisé du High Church, le Dr Gore, évêque de Worcester, a proposé une résolution où, tout en affirmant la doctrine du Symbole, il arguait des objections élevées contre la récitation publique de ce Symbole, pour proposer d’y renoncer. Les évêques de la province de Canterbury ont admis cette résolution par 9 voix contre 8, et ceux de la province d’York y ont adhéré. Ultérieurement, l’archevêque de Canterbury, répondant à une députation ecclésiastique s’est hautement prononcé dans le même sens, et n’a fait de réserves que sur les difficultés d’exécution. Chose singulière, presque tous ceux qui se sont déclarés contre la récitation du Symbole, ont affirmé qu’ils adhéraient personnellement à toutes les propositions de ce Symbole, et ont allégué seulement le déplaisir que causait cette récitation à des laïques non habitués au langage théologique. L’attitude des évêques a soulevé, parmi les croyans, notamment au sein de l’English Church Union, des protestations si vives que, dans sa réunion, de juillet 1904, la Chambre haute de la Convocation a décidé de ne pas donner suite, pour le moment, a sa précédente résolution. Cet ajournement a été confirmé dans les réunions de février 1905.