Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 27.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plans d’instruction navale. Cette réforme appliquée au personnel n’était que la première partie d’un programme général dont l’objet est de mettre immédiatement, en temps de paix, la marine britannique à la hauteur des devoirs qui lui incomberont en temps de guerre. Elle appelait un complément, une meilleure utilisation des unités de la flotte, partant, une répartition nouvelle des forces navales de l’Empire sur toute la surface du globe, et de nouveaux procédés de mobilisation. Tel a été l’objet du second mémorandum, publié en décembre dernier.

Cet objet est précisé magistralement par lord Selborne : « Il est essentiel que nous ayons une flotte constamment prête à la guerre, c’est-à-dire prête à porter des coups immédiats à la force ennemie ; un instrument qui, dans chacune de ses parties, commande la confiance des amiraux qui auront à s’en servir, donne aux amiraux l’assurance qu’ils ont en main une arme sur l’efficacité de laquelle ils n’ont point à concevoir le plus faible doute. L’idéal que le département de la marine s’est proposé repose sur ces deux principes : que la répartition de la flotte en temps de paix doit être la meilleure répartition stratégique en temps de guerre, et que les navires à mobiliser doivent être en aussi parfaite condition d’appropriation pour la guerre que le sont les navires en service. » Et lord Selborne dit encore dans le dernier paragraphe de son mémorandum, que l’objet unique du plan de réorganisation adopté par l’Amirauté est que, « lors d’une déclaration de guerre, la disposition efficace de la flotte pour le combat soit complète et instantanée. »

Les forces navales anglaises étaient jusqu’à présent réparties comme suit. La flotte la plus importante était celle de la Méditerranée. Dans les derniers temps, elle compta parfois jusqu’à 20 cuirassés et 15 ou 20 croiseurs de toute taille. Une autre flotte était entretenue dans la Manche, sous le nom de Channel fleet, moins forte en cuirassés et en croiseurs que celle de la Méditerranée. Assez récemment, cette flotte n’avait plus pour champ d’action la Manche, où elle était remplacée par une création nouvelle, une troisième flotte active, la Home fleet ou escadre des îles Britanniques, ayant une force à peu près égale à celle de la Channel fleet. Les deux dernières avaient leur base en Angleterre ; la flotte de la Méditerranée avait sa base à Malte. Hors d’Europe, les forces navales secondaires de la Grande-Bretagne étaient disséminées entre un grand nombre de stations dont la