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a bien disposer le monde ecclésiastique. Aussi, quand la Convocation se réunit le 28 avril, la Chambre basse, organe du clergé du second ordre, décida, après une chaude et longue discussion, qu’il « lui était impossible de recommander le bill. » Tait ne vit là qu’une raison de plus de chercher, auprès des hommes politiques, l’appui que lui refusait le clergé. Sans cesse en conférence avec quelque personnage important, il déployait, dans cette campagne, beaucoup d’activité et d’énergie. L’épiscopat continuait à le suivre docilement. Dès le 11 mai, son bill revenait devant la Chambre des lords et, malgré les vives critiques de quelques pairs, franchissait le défilé de la seconde lecture, à la forte majorité de 137 voix contre 28 ; dix-neuf évêques avaient voté avec la majorité, un contre, et deux s’étaient abstenus.

Au dehors, l’émotion, loin de se calmer, allait grandissant. « L’excitation, au sujet du bill, est énorme, écrivait Tait sur son journal. O Seigneur, dirige tout pour le bien de ton Église ! » Les esprits les plus modérés du High Church se prononçaient contre le projet. Les meetings de protestation se multipliaient. L’un d’eux, tenu le 16 juin, dans S. James Hall, eut un retentissement plus grand que les autres par le nombre des assistans, par l’importance des orateurs et par la véhémence des discours où les évêques ne furent pas ménagés. Tractariens et Ritualistes y fraternisèrent, unis dans le même effort. Quand Pusey se leva pour prendre la parole, l’assemblée entière, debout, l’acclama longuement. Toutefois, au moment même où il manifestait ainsi, en face des menaces de l’ennemi commun, sa solidarité avec les Ritualistes, Pusey essayait de glisser à leur adresse quelques avertissemens : il les mettait en garde contre les innovations arbitraires, contre les fantaisies individuelles, et leur recommandait l’union. « Il y a eu, de notre côté, disait-il, trop de guerre de guérilla, chacun faisant ce qu’il jugeait bien à son point de vue particulier. » Pusey se flattait que ses conseils avaient été entendus. « Le ton du meeting de S. James a été délicieux, écrivait-il peu de jours après ; puissions-nous seulement demeurer uns, comme nous l’étions ce soir-là[1] ! »

À la fin de juin 1874, la discussion des articles du bill commença à la Chambre des lords. Elle se prolongea durant cinq

  1. Life of Pusey, t. IV, p. 276-277.