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ancienne ville n’ont pas encore pu être découvertes ; on ignore donc à quelle race pouvait appartenir le bœuf Mnœvis adoré dans cette localité comme étant l’incarnation du dieu Râ. Cependant, d’après quelques ossemens dorés, trouvés dans un tombeau par M. Maspero, on peut croire que le bœuf Mnœvis était de tout autre race que celle de l’Apis.

Les bœufs dessinés sur les monumens de l’ancienne Égypte, temples ou tombeaux, montrent des animaux de deux formes différentes ; la première, la plus commune, est représentée par de grands animaux, toujours très hauts sur jambes, à cornes bien développées, dirigées suivant le plan du front en demi-circonférence, ou disposées en forme de lyre, comme le disent les égyptologues. La seconde race est figurée par des animaux également élancés, mais pourvus de cornes très courtes, dirigées en dehors et en haut. Presque tous ces animaux sont porteurs d’une bosse plus ou moins développée sur le garrot. Dans certains bas-reliefs, les Egyptiens ont figuré une espèce sans cornes, portant une extrémité supérieure de la tête ou chignon très élevé, et qui donne à ces animaux une apparence des plus singulières. Cette année même, nous avons eu la bonne fortune de recevoir des crânes d’animaux analogues renfermés dans la tombe d’une prêtresse de la déesse Hathor. Les Egyptiens avaient donc su, à une époque très reculée, créer, par une sélection habile et judicieuse, une race de bœufs sans cornes, semblable à celle d’Angus si recherchée actuellement par certains éleveurs anglais et normands.

Il est intéressant à noter que, de nos jours, depuis le Caire jusqu’à Wady Halfa, c’est le bœuf à petites cornes (Bos brachyceros), de couleur ordinairement rouge foncé, rarement noir et blanc, qui domine dans toutes les campagnes. En Haute-Égypte, nous n’avons pu voir un seul animal à grandes cornes, tel qu’il est si souvent représenté sur les monumens, et semblable à ceux d’Abousir ou de Sakkara. Partout on ne rencontre, aujourd’hui, que le bœuf à petites cornes, de même forme que celui qui se trouve communément dans les vallées du Liban, à la Bekaâ ou en Mésopotamie. Seulement, en Égypte, le pelage est généralement noir avec des taches blanches. À cause du manque absolu de bons pâturages, il est toujours d’une taille très inférieure à celui d’Égypte. D’après tous les squelettes momifiés reçus par nous, on peut affirmer que cette race à petites cornes n’était élevée que