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très rarement par les habitans de l’ancien Empire. Ces éleveurs distingués ne l’ont point trouvée digne d’être consacrée à la divinité et d’être momifiée avec soin. Ainsi que nous l’avons dit, le bœuf à courtes cornes, représenté sur certaines sculptures, appartient à une autre espèce que celle du Bos brachyceros vrai, puisqu’il est représenté portant toujours une bosse très marquée dans la région du garrot. De cette dernière race il n’a jamais été trouvé aucun débris dans les galeries à momies ; on peut cependant affirmer que ce n’est pas un zébu importé de l’Inde.

Dans le delta égyptien, depuis le Caire jusqu’à Alexandrie, j’ai rencontré quelquefois des animaux qui m’ont rappelé de loin les bœufs à cornes en lyre des anciennes sculptures. Mais il est certain que ces animaux ont été importés récemment du Soudan où cette espèce se rencontre partout. On a quelquefois affirmé que le bétail égyptien à longues cornes avait été importé à une époque très reculée par une race humaine primitive qui, venant du nord de l’Inde, aurait traversé la Mer-Rouge pour se répandre sur toute l’Afrique orientale. Plus tard, une partie de cette population, faisant une migration nouvelle vers le Nord, serait venue se précipiter sur la population primitive de l’Egypte qui ne possédait pas encore de bœufs à longues cornes. J’avoue que, jusqu’à nouvel ordre, nous ne pouvons pas être partisan de cette hypothèse, qui ne paraît reposer sur aucune donnée positive. Sans preuves bien sérieuses aussi, on a prétendu que les races humaines, les différentes formes animales domestiques, les plantes alimentaires étaient venues de l’Inde pour se répandre dans le monde entier, notamment en Afrique. C’est une affirmation qui ne se fonde que sur des traditions d’une pauvre valeur scientifique, et qui est en contradiction formelle avec la doctrine de révolution, montrant que, sans l’aide de migrations, la nature a fait naître, dans des régions très éloignées les unes des autres, par des forces mystérieuses et inconnues, les mêmes types animaux : éléphans, chevaux, bœufs, etc. Ce ne sont pas des migrations qui peuvent expliquer la présence de l’éléphant d’Asie aux Indes, et de l’éléphant à larges oreilles dans le continent africain. Il en est de même pour la race humaine. Jusqu’à ce jour, rien ne prouve que les Proto-Egyptiens préhistoriques soient venus d’Asie. Tous les crânes attribués aux Egyptiens préhistoriques, trouvés dans les anciennes nécropoles de Negadah, de Beith-Allam, de Kawamil, de Silsileh qui m’ont