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montrent que des idées nouvelles se forment, et qu’en renouant la tradition interrompue, on s’aperçoit qu’il faut la modifier : ainsi, en persistant à charger des hommes de représenter les bacchantes, les faneuses et les moissonneuses, on croit devoir justifier cette décision par le fait que « les femmes ne peuvent supporter la fatigue comme les hommes[1] ; » et on leur abandonne en compensation tous les rôles qu’elles peuvent tenir. On engage un maître de musique, Glady, et un maître à danser, Constantin, en leur allouant des salaires qui eussent fait éclater les anciens budgets : 320 francs au premier, 280 au second[2]. Entre les mains intelligentes du conseiller Walther, le plan se développe et s’élargit : on voit apparaître, entre autres nouveautés, les jardiniers, la « troupe de la Montagne, » avec les armaillis dont le Ranz fameux ne manquera jamais son succès d’émotion, les ustensiles du chalet, des vaches, des bouviers, un « bovayron. » De plus, un corps de vignerons du Printemps qui suivront Paies, le rémouleur, qui deviendra très populaire, les tonneliers. Le cortège complet ne comprendra pas moins de 730 figurans.

Plus la machine est considérable, plus il est laborieux de la mettre en mouvement. Celle-ci, dont les proportions sont changées, n’avance pas sans difficultés. Ainsi, la Société a cédé aux imprimeurs Lortscher et au peintre Stainly le droit d’imprimer, graver et distribuer le « programme »[3] : c’est-à-dire, une sorte de livret explicatif. Mais voici que Glady refuse de livrer les matériaux nécessaires à l’exécution de cette convention, — la musique et les couplets, — en alléguant que c’est « son ouvrage, » et qu’« il en veut tirer parti[4]. » Question difficile : le musicien soutient qu’il n’est engagé envers la Société qu’à lui remettre la musique des chansons et à l’enseigner aux exécu-tans ; les imprimeurs réclament les documens indispensables à l’ouvrage qu’ils ont acquis le droit de publier ; la Société répond qu’elle n’a pas de traité suffisamment précis avec Glady pour lui réclamer ce qu’il entend conserver, ne peut fournir aux imprimeurs ce qu’elle ne possède pas, et « se résume » en déclarant que les parties s’arrangeront entre elles comme elles voudront, mais que pour son compte elle ne veut « pas s’en mêler davantage[5]. » L’affaire, quelque compliquée qu’elle soit, finit

  1. Manual, 10 mai 1819.
  2. Id., 17 mai.
  3. Id., 31 mai.
  4. Id., 8 juillet.
  5. Id., 19 juillet.