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son père, Daniel-Alexandre, lui-même écrivain distingué, qui avait été longtemps pasteur à Vevey[1] ; François Vernes, le « Voyageur sentimental, » qui avait déjà décrit la fête de 1791.

La « Relation » du Manual vibre d’un enthousiasme un peu fade :

« Quel pinceau pourrait peindre avec vérité cette pompe majestueuse !… Quelle variété dans les costumes ! Quel contraste surtout entre ceux des acteurs et des spectateurs ! etc. »

Mais il faut croire que les « mômiers, » irréductibles, grognaient toujours ; car la Gazette de Lausanne éprouva le besoin de passer sur cette mythologie une éponge expiatoire :

« Des réunions de ce genre, dit-elle en terminant son compte rendu, sont toujours précieuses à la morale et douces pour le cœur. On aime à y trouver, nous le répétons, un hommage public au travail, un tribut d’estime aux classes laborieuses. Ces journées-là font autorité et restent dans la pensée. Avec la mollesse et la suavité qui les accompagnent, elles pénètrent presque toujours fort loin, et donnent cette espèce d’exaltation d’idées, de sentimens et de vertus que ne produirait pas une autorité plus tranquille. »

Et tout finit par des sermons.

Par des chiffres aussi, naturellement. Dans l’enthousiasme du lendemain, le Conseil vota une gratification de 100 francs à Constantin, et de 60 francs à Glady[2], — rétablissant ainsi l’équilibre des honoraires du danseur et du musicien. Quant aux comptes, il fallut près de deux ans pour les établir, — et l’écart grandit entre les dépenses (11 214 l., 2 s., 6 d.) et les « reçus » (5 544 l., 5 s.).

Organisée par le même conseiller Walther, avec le concours du même musicien et du même maître de danse, la fête de 1833 ne pouvait guère être qu’une répétition de celle de 1819, avec plus de luxe et moins d’élan. Il n’y a que peu de détails à relever dans l’histoire de sa préparation, qui devient de plus en plus minutieuse. Notons pourtant que Constantin demande 500 francs d’honoraires. On ne lui en accorde que 420, avec trente billets de faveur[3]. Glady, plus modeste, se contentera de 320 francs[4] : la musique, cette fois, est sacrifiée à la danse. — La question du

  1. Voyez Vernes-Prescott ; ouvrage cité, p. 34-35, et de Montet, Dictionnaire biographique du Genevois et du Vaudois, passim.
  2. Manual, 7 août.
  3. Id., 14 avril 1833.
  4. Ibid., 23 mai.