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pensées, toutes ses forces à sa difficile charge. Il se serait fait scrupule de soustraire une heure de son temps au service de l’Etat. Il ne trouvait d’autre repos que dans le cercle de famille, où présidait une femme aussi belle que bonne. Là, il déposait un instant son fardeau, se montrant, envers tous, aussi gracieux que s’il n’avait point passé sa journée dans une écrasante tension de travail et de soucis. Après le dîner, il allait prendre sa récréation, disait-il, c’est-à-dire, faire une partie de billard et une partie de whist. Son unique distraction extérieure était, une fois par semaine, la chasse, seul avec un de ses officiers. Malheureusement sa santé, déjà gravement compromise, augmentait les fatigues de sa tâche, et les luttes qu’il eut à soutenir au Conseil d’Etat et à la Commission de la Chambre la rendaient encore plus pénible.

Avant d’envoyer le projet de la Haute commission au Conseil d’État, le maréchal lui fit subir une dernière modification qui en changea notablement le caractère. Voici le système auquel il s’arrêta définitivement. La loi de finances déterminerait annuellement le nombre d’hommes à incorporer dans l’armée activé et ceux à laisser dans la réserve. Un tirage au sort distribuerait les hommes dans l’une ou l’autre catégorie. Les hommes envoyés dans l’armée active y demeureraient cinq ans, et de là passeraient dans la réserve pour quatre ans ; ceux laissés dans la réserve y resteraient à la disposition du gouvernement pendant quatre ans et de là passeraient cinq ans dans la garde mobile. Ainsi la totalité de la classe servait sous une forme quelconque pendant neuf ans.

L’exonération n’était maintenue qu’au profit des jeunes gens de l’armée active. Ceux de la réserve pourraient se faire remplacer par des hommes de moins de trente-deux ans, mais sans que l’État en prît la charge. Le mariage serait interdit en principe dans l’armée active comme dans la réserve, sauf au gouvernement à accorder des permissions administratives dans les deux dernières années de la réserve. Le tout fournirait un effectif de 800 000 hommes, qui, avec les non-valeurs déduites, laisserait disponibles pour le combat 500 000 hommes.

La garde mobile se composerait des hommes de la réserve dont le temps serait expiré et des exonérés ; elle ne pourrait être appelée en activité que par une loi spéciale ou un décret qui devrait être communiqué aux Chambres dans les vingt jours pour être converti en loi ; le mariage y serait permis. Le