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Commission ne chicana pas sur le point de départ ; elle admit, tout en la regrettant, la nécessité d’augmenter nos forces défensives et d’avoir une armée active de 400 000 hommes, une réserve du même chiffre avec l’auxiliaire d’une garde mobile également de 400 000 hommes ; elle consentit à la fixation du service à neuf années avec point de départ du 1er juillet. Mais elle se prononça énergiquement contre l’appel de la totalité de la classe, elle n’acceptait pas que le vote annuel du contingent fût retiré à la Chambre, par la fixation d’un chiffre immuable ; elle voulait qu’il y eût encore de « bons numéros » et que toute la jeunesse française ne fût pas militarisée ; elle se prononça non moins formellement contre le maintien de l’exonération et pour le retour au remplacement qui a le mérite de donner avec certitude homme pour homme, en laissant toute liberté aux familles et en ne faisant pas intervenir l’Etat dans ces transactions privées. Elle refusa d’adopter une garde nationale mobile que le ministre de la Guerre aurait le droit d’enlever à ses foyers quinze jours tous les ans : il suffisait d’établir des contrôles qui, faits soigneusement, permettraient de l’appeler et de la réunir vite. Elle refusa les exercices et les réunions qui entraîneraient un déplacement de plus d’une journée et se répéteraient plus de quinze fois. Enfin elle voulait que la permission de mariage accordée pour deux ans, sans autorisation, fût étendue à trois.

Ainsi l’œuvre de la Commission avait consisté : 1° à affaiblir l’armée active en exigeant une loi de contingent annuel qui n’excéderait pas 100 000 hommes et en supprimant, par l’abolition de la Caisse de dotation, la pépinière des vieux sous-officiers ; 2° à affaiblir la réserve en permettant le mariage pendant les trois dernières années ; 3° à annihiler la garde mobile en n’autorisant son existence que sur le papier. De pareilles dispositions eussent été toutes naturelles de la part de pacifiques comme moi, qui acceptaient la condition essentielle de la paix, c’est-à-dire la non-ingérence, quoi qu’il arrivât, dans les affaires d’Allemagne : elles étaient incompréhensibles de la part d’adversaires violens de l’Unité allemande qui, chaque jour, proclamaient, par leurs discours ou leurs acclamations, que la France devait à tout prix en empêcher l’entier accomplissement.