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Niel concéda que les effectifs considérables annoncés avaient « certainement de l’exagération s’il s’agissait de forces immédiatement mobilisables, mais on entendait parler non seulement du nombre des hommes aujourd’hui sous les armes, mais bien de la quantité de soldats que chaque puissance pourrait appeler sous les drapeaux en temps de guerre. » Il démontra que la nouvelle organisation n’affaiblissait pas l’armée : « La constitution d’une réserve a toujours été considérée comme la condition même de la solidité de l’armée de première ligne. Depuis 1815, on a reconnu la nécessité de constituer cette réserve sans y réussir. Et c’est ce que la loi fait, donnant par là une grande solidité à l’armée de première ligne. La création de la garde mobile accroît encore sa force de toutes les parties qu’il eût fallu immobiliser dans les places fortes, c’est-à-dire 350 000 hommes. Décharger l’armée de l’obligation de fournir des garnisons à nos places fortes, c’est donc un des points les plus importans que puisse avoir en vue l’organisation nouvelle, et j’ai la confiance que, par la garde nationale mobile, nous sommes arrivés à la solution du problème. Que notre illustre historien me permette de lui rappeler un mot d’une grande portée de l’empereur Napoléon Ier : « Pour s’opposer à l’ennemi en rase campagne, il faut des soldats ; pour occuper des places fortes, il suffit d’avoir des hommes. » Distinction très importante. Il n’était pas vrai non plus que la garde mobile chargerait le budget de telles dépenses qu’on serait obligé de diminuer les crédits consacrés à l’armée active. On procéderait avec prudence. La garde mobile ne serait pas organisée, habillée, armée, instruite partout à la fois. On commencerait par en établir les contrôles par département et par composer des cadres sur le papier. Pour cela 10 millions suffiraient. Plus tard seulement, on habillerait, on instruirait et on armerait et, sans doute, il faudra alors de nouveaux fonds, mais le succès des premières expériences sera tel que j’ai la conviction que ce que vous nous refusez aujourd’hui, vous nous l’offrirez. D’où viendrait donc l’affaiblissement de l’armée ? De ce que le service de sept ans serait réduit à cinq ? La pratique des choses, l’intérêt le mieux entendu nous a conduits à reconnaître qu’après cinq ans de service un homme était devenu un soldat à peu près accompli, du moins pour l’infanterie, car pour la cavalerie, l’artillerie et les armes spéciales, ce temps de service ne serait pas tout à fait suffisant. Il en est résulté ceci,