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que pour arriver à instruire un plus grand nombre d’hommes nous avons, dans ces derniers temps, pris le parti de renvoyer dans la réserve les soldats après cinq ans de service, et de les remplacer à l’armée active par un pareil nombre d’hommes de la réserve. Cette période de cinq ans considérée par nous comme suffisante, pratiquée avec succès lorsque nous étions libre de l’accepter ou de la refuser, deviendra-t-elle insuffisante parce que de facultative elle sera devenue le temps fixé par la loi ? Nous ne saurions l’admettre. »

La loi fut votée à une grande majorité.


XIII

Telle qu’elle sortit des délibérations, malgré tous les affaiblissemens imposés par la majorité, cette loi parut à Niel suffisante à la sauvegarde des intérêts, de la sécurité et de l’honneur de la France. « Il faut être prêt, avait dit Thiers. — Nous le sommes, répondait Niel. Nous avons à présenter en première ligne une armée active de 415 250 hommes et une réserve de 329 318 hommes. A la vérité, cette réserve, composée d’élémens d’inégale valeur, compte à côté des hommes de l’armée active ayant terminé leurs cinq ans (217 146 hommes), 112 172 hommes n’ayant que cinq ou six mois d’instruction ; mais cette jeune réserve, encadrée par la vieille réserve, aura toute sa valeur. De ce total de 744 568 hommes, en déduisant les non-valeurs, gendarmes, etc., (80 000) et 60 000 hommes pour l’armée d’Afrique, plus la dernière classe, non encore instruite, laissée dans les dépôts, il restera pour le combat immédiat 500 000 hommes au moins qu’on n’aura pas à affaiblir pour la défense des forteresses, à laquelle sera affectée la garde mobile. 500 000 hommes sur le champ de bataille, c’est énorme ! c’est le plus grand effectif qu’on ait jamais vu. En Italie, nous en avions 200 000. En 1866, sur les 640 000 hommes qu’a mobilisés la Prusse, 270 000 ont passé la frontière, et, sur ses 660 000 mobilisés, l’Autriche en a mis en bataille 280 000. En entrant en campagne avec 500 000 hommes, nous aurons donc un effectif des plus respectables. Il ne serait pas supérieur à celui de nos voisins, mais j’ai la plus grande confiance dans notre armée et je crois qu’à nombre égal, nous sommes très supérieurs. Cette armée est organisée ; ses cadres ont été rétablis. Les soldats d’infanterie ont reçu un excellent