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l’aveu qu’il a tant attendu. Sa grande patience sait vouloir à la fin ; et Béatrice sera heureuse, car ce Desgenais de nouvelle espèce n’a rien d’un pédant, si féru qu’il puisse être, non seulement du devoir que ses compatriotes épellent trop souvent avec un grand D, mais des conventions sociales taxées parfois d’hypocrisie.

— Certes, dit-il, nous autres Anglais, nous ne sommes pas meilleurs que le reste du monde ; mais, Dieu merci, nous prétendons valoir mieux et il en cuit à quiconque s’avise de troubler cette illusion.

Là-dessus, il montre la fin tragique des scandales qui se produisent en Angleterre ; on n’en veut pas, ils ne rencontrent ni tolérance, ni pitié ; pour qui s’y risque c’est une mauvaise affaire.

Avec son optimisme, sa franche bonhomie, son sens pratique imperturbable, Deering ne manque pas d’esprit.

A la dame qui s’efforce d’excuser ses menus mensonges quotidiens : — Le seul inconvénient que j’y voie, madame, c’est que tôt ou tard on se laisse prendre…

— Oh ! pourtant… si vous arrangez les choses non pas exactement comme elles sont, mais comme elles auraient dû être ?…

— Oui, je comprends… Le mensonge devient alors, n’est-ce pas, une espèce de vérité idéalisée…

Jouée d’abord en 1897, la comédie des Liars a tenu l’affiche une année entière et chaque reprise est le signal d’un nouveau succès. Un de ses mérites à nos yeux est d’être gaie sans tomber dans la bouffonnerie et fidèle au but bien oublié du théâtre d’autrefois : châtier les mœurs en riant. L’Angleterre a démarqué, adapté, expurgé tant de pièces françaises ! Pourquoi donc à notre tour ne transporterions-nous pas au Vaudeville The Liars ?


Un spectacle qui se prolonge bien après les autres, tout l’été, pour le grand plaisir des badauds est celui d’Earl’s Court. Je m’y laisse entraîner.

Earl’s Court est une exposition anglaise typique ; la masse du peuple qui n’a pas le temps ou le moyen de voyager peut y satisfaire à peu de frais un besoin aussi impérieux chez lui que le besoin de boire et de manger, celui de parcourir le monde. Chaque année un pays différent vient planter ses monumens, ses produits, ses costumes, ses curiosités naturelles sur