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Tonkin et l’archipel des Faïtzilong, travaux rapides forcément incomplets qui se ressentent des entraves apportées aux travaux scientifiques par les nécessités des opérations et des ravitaille-mens militaires, mais qui n’en rendirent pas moins les plus grands services et répondaient suffisamment aux besoins de la marine d’alors.

Entre temps, la Tunisie, plus récemment les côtes Nord de Madagascar furent l’objet de reconnaissances détaillées qui ne le cèdent en rien comme exactitude à celles des côtes de France.

Si nous ajoutons les levés divers effectués un peu partout, aux Antilles, à Terre-Neuve, au Maroc, dans le Pacifique à Taïti et en Nouvelle-Calédonie, on aura un aperçu du vaste travail que, depuis quatre-vingt-dix ans, ont accompli Beau temps-Beau pré et ses successeurs.


III

L’hydrographie ne pouvait rester étrangère à l’immense développement qu’ont pris toutes les sciences appliquées dans ces dernières années. Alors que tout se transformait dans la marine, il était impossible que l’œuvre de Beautemps-Beaupré ne fût pas complétée. L’illustre hydrographe avait fait son travail uniquement en vue de la navigation à voiles. Ses cartes suffirent pendant quelque temps pour la navigation à vapeur. Le changement du mode de propulsion laissait en effet intacts les procédés de navigation. La mer est toujours la mer, et quelles que soient les conditions dans lesquelles on s’y meut, il y a des nécessités qui restent inéluctables. Un capitaine qui se rend d’un port à un autre a également besoin de savoir la quantité d’eau qu’il aura sous la quille, sur les différens points de son parcours, que son navire soit à voiles ou à vapeur. Il lui est aussi nécessaire que les points de terre et les dangers à la mer soient exactement placés les uns par rapport aux autres. Les routes, bonnes pour les voiliers, le seront a fortiori pour des vapeurs d’égal tirant d’eau qui n’auront pas à s’inquiéter des limites du louvoyage. Les mouillages qui servent aux premiers servent aussi bien aux seconds, qui auront en plus la facilité d’appareiller et de s’élever au vent, s’ils sont surpris par la tempête, au lieu de risquer d’être jetés à la côte.

Mais bientôt les transformations du matériel naval