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de deux absides à l’abside principale, suivant un usage oriental. L’abside centrale, grande ouverte, formait passage vers le tombeau du saint. Dispositions peu communes encore et qui allaient être immédiatement reproduites, en Gaule, par l’ami et correspondant de Paulin, Sulpice Sévère, dans une ville d’Aquitaine, puis, quelques années plus tard, dans la basilique de Saint-Martin, à Tours. La basilique du Sauveur, à Naples, élevée par l’évêque Soter (363-409), présentait aussi les mêmes caractères. Dans l’abside, dégagée en 1880 par de Rossi, les tailloirs des chapiteaux en forme de coussinets et le chrisme en relief annoncent, pour la première fois, l’influence syrienne qui ne tarde pas à s’affirmer dans la coupole à trompes d’angle, sur plan carré, au Baptistère. La basilique de Nota servit-elle de modèle à celles de Naples et de Tours ? Dérivaient-elles, toutes trois, d’un exemple commun et lointain ? C’est la supposition à laquelle s’arrête M. Bertaux. L’assemblage d’édifices groupés à Nola, dans « la ville monastique où le sarcophage de Félix est comme enchâssé, » villa par ses colonnades et ses fantaisies, forteresse par sa vaste et solide enceinte, lui rappelle le couvent syrien de Kalat-Seman, autour de la colonne de Siméon Stylite, décrite par M. le marquis de Vogué, ou le monastère africain de Tebessa, remis au jour par M. Albert Ballu, et peut-être, tous deux des imitations du Martyrion de Jérusalem fondé par Constantin. La question, pour l’instant, reste en suspens.

Des constructions du saint évêque M. Bertaux n’a pu retrouver, enfoui sous la basilique moderne, que l’atrium, déjà visité et dessiné au XVIIe siècle. Ses débris, colonnes, fragmens de mosaïques et d’inscriptions, attestent l’exactitude des détails minutieux, complaisamment donnés par Paulin au sujet de ses travaux, dans sa correspondance, en prose ou vers, avec Sulpice Sévère. Quant aux peintures dont tout le grand édifice était décoré et qui furent peut-être le premier exemple, bientôt fameux, d’un cycle complet de peintures historiques, à sujets chrétiens, en vue de l’édification publique et de l’instruction des humbles, il n’en reste rien, cela va sans dire. Nous en savons assez, néanmoins, pour être certains que cet initiateur éclairé et prudent, cet apôtre populaire, indulgent ami des paysans, si humain et si tolérant, que les hérétiques, les Juifs, les païens, nombreux encore dans son diocèse, se joignirent, en pleurant, aux fidèles pour suivre son cercueil, garda, dans sa conception