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peintures contemporaines de Saint-Clément à Rome, M. Venturi voit plus encore une « tradition de formes encore vivante dans toute l’Italie avant que l’art roman apprît à distinguer clairement les caractères de régions et de races. » L’aspect, d’ailleurs, est bien oriental. Les saintes qu’on aperçoit, de face, en entrant, sont des patriciennes de la cour byzantine « en riches costumes, nimbées, avec des diadèmes, des tuniques brodées de pierreries, portant une couronne emperlée et gemmée dans la main droite, sous un manteau et un voile transparent. » M. Bertaux dans cette iconographie byzantine, signale l’apparition de motifs antiques, que les peintres adaptent, comme leurs ancêtres des catacombes, à des sujets chrétiens. Telle une Jérusalem en pleurs, qui est l’ancienne Τύχη, personnification des villes asiatiques dont l’un des premiers types semble avoir été sculpté, à Antioche, par un élève de Lysippe. Tel un Bain de l’enfant Jésus, qui se souvient d’un bas-relief païen, la Naissance de Bacchus. Il constate aussi que, dans l’Annonciation, l’ange, plus animé, s’avance plus librement, et commence à presser son mouvement d’entrée qui deviendra, par la suite, plus vif encore et plus précipité, jusqu’à ce qu’il soit « l’élan impétueux d’un être ailé qui arrive voir Marie par les chemins du ciel. » Or, ajoute M. Bertaux, « ce vol de l’archange annonciateur qui n’apparaîtra, dans la peinture byzantine qu’au XIIIe siècle, le voici représenté par un peintre bénédictin des premières années du IXe siècle. » Et, ajoute M. Venturi, « le peintre bénédictin n’a pris, tout au plus, aux byzantins, que la matière iconographique, mais il a indiqué sa manière propre dans les formes et la coloration : dans les formes, par la petitesse des yeux somnolens, la nervosité des mains, l’envolée des draperies ; dans la coloration, par des ombres vertes, une diffusion de rouge, etc. » Il y a donc bien là, comme l’ont pressenti Cavalcaselle et Crowe, tous les signes d’une école locale en formation. Par malheur, nous l’avons vu, des calamités imprévues suspendirent l’initiative des Bénédictins. Durant le Xe siècle, la parole passe aux Basiliens

III

Cette période agitée, du IXe au XIe siècle, est celle, en Orient, de la querelle des Iconoclastes, bientôt suivie d’une réaction glorieuse. On sait quelle renaissance admirable est due aux