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tous les accessoires (manomètres, soupape de sûreté, niveau d’eau, etc.) des chaudières ordinaires, avec elle, deviennent superflus ; un coup de collier ne peut en rien nuire à la « robustesse » de la machine et les « coups de feu » sont sans importance. Il est vrai que la provision d’eau nécessaire à l’alimentation de la chaudière rend le moteur Serpollet relativement lourd. Encore faut-il, pour le comparer au moteur à essence, lui tenir compte de cet avantage qu’en sa qualité de moteur à chaudière, il est débarrassé des organes de changemens de vitesse et d’embrayage. Aussi, d’ores et déjà est-il permis d’affirmer que le rendement à la jante d’une voiture Serpollet est au moins égal à celui d’une voiture à essence. Certes, pour les petites puissances, le coût de la traction est notablement plus élevé. Mais, dès qu’on dépasse 15 chevaux, les dépenses tendent à s’égaliser, et, encore, ne faut-il pas oublier qu’une voiture Serpollet coûte moins cher d’entretien que n’importe quelle voiture à pétrole du même prix.

Conclusion : il n’est nullement démontré que la vapeur surchauffée n’arrivera pas, sous peu, à faire, pour la voiture légère, une concurrence sérieuse à l’essence de pétrole. Quant à la voiture lourde, nous serions étonnés si les expériences comparatives qui se font, en ce moment, un peu partout, à Londres notamment, n’aboutissaient pas à démontrer la supériorité des omnibus genre Serpollet.


III

Le rêve de Newton et de Watt est donc, maintenant, une réalité : industriels, commerçans, touristes, voyageurs, artistes, tous ont désormais dans la voiture à pétrole un moyen de locomotion rapide et sûr, propre, comme le fait remarquer M. J. Grand-Carteret, à nous épargner à un moment donné l’ennui des voyages dans la promiscuité des compartimens, la monotonie des paysages au fond de la tranchée ou sous les tunnels, cette tyrannie de l’heure qui retarde ceux qui sont pressés et presse ceux qui ne le sont pas et, enfin, ces détours obligatoires qui, infirmant le principe que la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre, font passer par Paris le voyageur qui va de Nantes à Marseille. Nos routes, que la bicyclette avait commencé à faire revivre, voient peu à peu renaître, on le constate déjà, l’animation qu’elles avaient perdue ; bien des villes mortes, que la locomotive avait