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les Anglais et les Américains commencent à la comprendre}, ; légère, solide, de force moyenne, de réparations peu coûteuses, n’aura pas un capot d’une longueur démesurée ; mais son moteur sera parvenu à un encombrement tellement faible et, en même temps, possédera une telle sûreté de fonctionnement qu’on pourra « le boucler » dans un coffre quelconque de la carrosserie, ou, mieux, au-dessous du châssis, dont la totalité sera plus utilement employée à recevoir les voyageurs. Ce jour-là, l’industrie française de l’automobilisme pourra devenir une grande industrie, vraiment nationale, et alors fléchir le fisc et obtenir peut-être des raffineurs l’essence à bon marché. Encore lui faudra-t-il modifier complètement son mode de production actuel, renoncer aux petites usines, trop nombreuses pour vivre et prospérer, et les remplacer par quelques grands organismes, riches, puissans, comme ceux qui, au capital de 20 à 30 millions, se constituent, en ce moment même, à l’étranger. La fabrication des automobiles à bon compte et avec toutes leurs pièces interchangeables n’exige-t-elle pas, en effet, un outillage énorme qu’il ne sera possible d’entreprendre que si son prix de revient peut être réparti sur un nombre considérable de voitures fabriquées — et vendues ?

Mais n’insistons pas davantage : nous sortirions du domaine que nous nous sommes réservé. A l’industrie automobile française, dûment avertie, de prendre les mesures nécessaires pour garder le renom dont elle est si fière et la suprématie qu’elle a su conquérir.


P. BANET-RIVET.