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songer à la Mafia sicilienne et à la vendetta corse. Cependant cette clameur d’opinion publique qui condamnait jadis le dépointeur vibre encore dans l’âme rurale de la contrée.

Un agriculteur très expérimenté, M. Bachelier, a bien voulu dresser pour moi un budget moyen de ferme en Brie ; il faut observer d’ailleurs que les conditions d’exploitation diffèrent selon les localités, car on trouve en Seine-et-Marne des terres dont la valeur locative varie de 40 à 140 francs l’hectare. M. Bachelier a pris comme base une ferme de 140 hectares, d’une valeur locative de 80 francs l’hectare, représentant un, capital d’exploitation de 100 000 francs.


Dépenses Francs
Frais de main-d’œuvre, employés à gages, à la journée et à façon 22 000
Achat de denrées pour la nourriture des animaux 6 000
Achat d’engrais et amendemens 12 000
Achat de semences 2 000
Achat d’animaux 5 000
Dépenses de ferrage, de harnachement, de vétérinaire 1 200
Entretien du mobilier et du matériel 3 000
Entretien des bâtimens, chemins et clôtures 500
Fermage 11 200
Impôts, prestations, assurances diverses 3 500
Frais généraux 2 500
68 900
Recettes Francs
Vente de blé 23 000
Avoine 10 000
Betteraves à sucre 16 000
Pailles 2 000
Fourrages 1 000
Laine 2 000
Laitage 10 000
Animaux 10 000
Basse-cour 800
74 800

Le bénéfice net ne s’élève donc qu’à six mille francs à peine, dont il faut déduire encore trois mille francs pour l’intérêt des capitaux engagés. Ainsi le fermier n’obtiendrait guère que trois mille francs à titre de rémunération personnelle ; mais il convient de remarquer qu’en fait il vit, lui et les siens, sur sa terre, et qu’il