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Capitole, les Thermes de Titus et l’intérieur du Cotisée, qui avaient, — j’en passe, — dégagé les temples dits de Vesta et de la Fortune Virile, qui, en un mot, avaient fait plus, en quatre ans, pour livrer à l’archéologie et à l’histoire ces lieux si fameux, que ne fera le siècle entier qui va suivre.

De plus grands travaux devaient s’exécuter. Des millions étaient destinés à ces « embellissemens de Rome » dont les projets emplissent tant de cartons et peut-être, rétrospectivement, feraient frémir les amateurs de la vieille Rome pittoresque. On avait rejeté comme trop dispendieux le projet d’un architecte qui entendait refaire la façade de Saint-Pierre, mais quel nouvel aspect donnerait à l’ensemble de la basilique l’exécution de cet autre projet, agréé en 1813, la mise à bas du considérable pâté de maisons du Borgo qui séparent le pont Saint-Ange de la place Saint-Pierre ? Quelles satisfactions eussent données, précisément à ceux qui rêvent encore des jardins abolis de Rome, cet autre projet qui convertissait en un immense jardin semé de ruines, la partie solitaire de Rome, occupée par le Palatin, le Forum, le Colisée, le Cœlius et l’Aventin !

C’est une justice à rendre à l’administration française : elle ne fit preuve d’aucun vandalisme. Elle ne bâtit point, à la place d’admirables villas dépecées, des quartiers de pierre de taille sans emploi et sans grâce : elle entendit au contraire ajouter de nouveaux jardins à ceux qui faisaient le charme de la cité.

Par cet exposé incomplet et rapide, on entrevoit assez, pour l’heure, l’autre côté de cette médaille romaine du César moderne, véritable Janus Bifrons, dont une face dit guerre et despotisme, mais dont l’autre dit ordre et bienfaisance.


Ces grands travaux allaient être interrompus. Dès le mois de décembre 1813, l’insurrection du curé Battaglia avait donné le signal d’une révolte, que seule la fermeté de Miollis rendait encore latente. Sous les pieds des Français le sol tremble : six à sept cents bandits sont aux portes de Rome ; les prêtres ferment leurs églises aux fonctionnaires romains ; ceux-ci, terrifiés, déserteraient leurs postes, si Norvins, qui se fait terrible, ne les menaçait d’exécutions. Murat, cependant, intrigue, fomente les troubles pour se donner, sous prétexte de les étouffer, une raison de s’ingérer dans les affaires de Rome. En décembre, ses troupes, traîtreusement, sous prétexte de passer à Rome pour