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toutes les sympathies des journaux de Hong-kong ; le 30 octobre, le Hong-kong Daily Press écrivait : « Le but des insurgés est le renversement de la dynastie mandchoue et la régénération de la Chine sous un gouvernement purement chinois. Le gouvernement qu’ils veulent établir sera éclairé, progressif et bienveillant à l’égard des étrangers. La proclamation et les manifestes publiés récemment expliquent leur politique, et l’absence de plaintes de la part des missionnaires et des chrétiens est une preuve de leurs bonnes intentions ;… ils méritent les sympathies des puissances civilisées. » Mais, ce jour-là même, on apprenait à Hongkong que, le 23, les rebelles avaient subi deux échecs et que leurs bandes, sans munitions, se dispersaient ; le lendemain, les journaux déploraient la victoire du gouvernement, et Hongkong, encore une fois, offrait un refuge à Sun-Yat-Sen proscrit.

La dernière tentative du chef révolutionnaire date de 1903. Au jour fixé, le 26 janvier, le vice-roi de Canton et les principaux mandarins devaient être assassinés en bloc au temple de l’Empereur où ils se rendraient pour une cérémonie, le trésor devait être saisi, la garnison immobilisée, le maréchal tartare arrêté, plusieurs quartiers incendiés ; à la faveur de l’effroi général, les insurgés seraient maîtres de la capitale, appelleraient à eux les débris de leurs bandes de 1900, donneraient la main aux rebelles qui tiennent la campagne dans le Nord-Est du Kouang-si, proclameraient le nouveau gouvernement et organiseraient un État séparatiste dans le bassin du Si-kiang. Tout était prêt : on avait réuni des approvisionnemens de toute sorte, des armes, des engins de guerre, de la nitroglycérine et jusqu’à trois cents paires de ciseaux pour couper les tresses, symbole de la servitude mandchoue. Tout ce matériel venait de Hongkong, en dépit des ordonnances locales prohibant la vente des armes ; tout avait été préparé au vu et au su des autorités anglaises. Il paraît certain, en outre, que les chefs du mouvement avaient au Japon des intelligences et un compte ouvert dans une banque. La police chinoise éventa une machination si compliquée ; le complot échoua, mais les chefs échappèrent encore.

Cet insuccès fut accueilli à Hong-kong avec un vif dépit ; le gouverneur refusa d’arrêter les réfugiés et, lorsqu’il fut saisi d’une demande régulière d’extradition, il s’arrangea pour ne trouver que des comparses qui furent relâchés trois jours après sans débat public ; les journaux affectaient de ne pas prendre au