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féliciter avec vous de l’événement qui pouvait le plus contribuer à votre bonheur. J’étais bien certain des sentimens de vos enfans ! Mais, il me tardait d’en recevoir l’assurance par eux-mêmes et de pouvoir leur parler des miens. Cet heureux instant est enfin arrivé, et, à travers la joie qu’il me cause, je sens bien vivement la vôtre. Mais, quelque plaisir que j’aie à vous obliger, croyez que je n’ai songé à satisfaire que moi-même, en permettant aux deux cadets de porter les marques de l’ordre du Saint-Esprit et en chargeant mon frère de tenir en mon nom le dernier sur les fonts de baptême. »

Ce n’est pas seulement à ses cousins et à leur mère qu’écrivit le Roi. Il avait pris depuis longtemps l’habitude, chaque fois qu’un événement heureux ou malheureux pour lui se produisait, d’en faire part à divers membres de sa famille. Il s’y conforma encore ce jour-là, en écrivant à la Reine qui était alors éloignée de lui, à la Comtesse d’Artois, à la princesse de Conti, à la reine de Sardaigne, au roi de Naples, à l’infant de Parme, au prince de Condé, à la comtesse de Marsan, son ancienne gouvernante, et enfin à l’empereur de Russie à qui il demandait pour le Duc d’Orléans la grand-croix de Saint-Jean de Jérusalem. A son frère, après lui avoir dit qu’il permettait au Duc de Montpensier et au Comte de Beaujolais de porter les insignes de l’ordre du Saint-Esprit, il annonçait en outre que la Reine et lui tiendraient le plus jeune sur les fonts baptismaux. Pour présider la cérémonie, il désignait Mgr de Dillon, archevêque de Narbonne, royaliste militant « Sa noble éloquence aura un beau jeu de se déployer. Vous l’appellerez Louis et tel autre nom que vous ou lui jugerez à propos, mais pas Joseph, quoique cela fût naturel, vu la marraine. Mais c’était le nom de leur père et il ne faut plus qu’il se retrouve dans cette branche. »

On a vu que les trois princes en envoyant au Roi leur hommage de fidélité avaient signé « Bourbon. » Leur signature lui suggéra une observation qu’il leur fit transmettre par Monsieur : « Bourbon était le nom distinctif de notre branche avant l’avènement de Henri IV au trône. Celle de Condé le porte et celle de Conti par suite, parce que leur séparation était déjà faite en 1589. Mais ceux-ci, qui descendent de Louis XIII ne doivent pas plus le porter que nous. Ils doivent porter et signer celui de leur branche qui est d’Orléans, sans y ajouter d’autre titre : c’est le nom de baptême qui les distinguera entre eux. »