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vie nationale dans sa source, » et qu’ « on semait dans l’âme de notre jeunesse les plus abominables fermens de révolte et de haine. »

Reconstituer l’histoire de cette crise ; suivre en leurs furtifs méandres les deux courans qui l’ont préparée ; montrer, ensuite, comment ils s’unirent et comment l’effet de leur fusion fut de balayer les livres scolaires usités dans l’ancienne école républicaine ; constater, enfin, que certaines mesures prises par le ministère Rouvier semblent marquer la condamnation officielle du courant socialiste révolutionnaire, mais qu’en revanche, au dernier congrès des Amicales d’Instituteurs, le pacifisme a déployé ses forces en une victorieuse parade : voilà ce que nous nous proposons ici ; et lorsque nous aurons fait comprendre la gravité du mal, rendu hommage aux premiers essais de remède, analysé les velléités ou les semblans de résipiscence, les amis de l’école et de la pairie concluront eux-mêmes dans quelle mesure et à quelles conditions ils peuvent être rassurés.


I

En 1886, l’Association des anciens élèves de l’Ecole normale de la Seine reçut d’un Hollandais, M. Molkenboer, un appel pressant : il la sollicitait d’adhérer à une certaine Société française de la paix par l’éducation. Le refus de nos instituteurs fut cinglant ; admirables de bon sens, ils répliquèrent :


Que les instituteurs français n’uni pas à prévoir l’éducation qui conviendra aux générations des siècles futurs, mais ont pour mission d’élever les jeunes générations actuelles et de leur inspirer l’amour de leurs devoirs, au premier rang desquels se placent les devoirs envers la France ;

Que les propositions de M. Molkenboer sont contraires aux principes supérieurs de la morale, à l’honneur et aux intérêts de la France.


Tel fut le premier accueil fait par les instituteurs de la troisième République aux sournoises utopies du pacifisme : ils accentuèrent même la vivacité de leur soubresaut, en affiliant leur association à la Ligne des Patriotes, récemment fondée.

Quatorze ans se passent, et nous trouvons en 1900, dans la revue pédagogique qui s’appelle le Volume, une véritable prédication pacifiste. M. Martel, inspecteur général de l’enseignement primaire, en est l’auteur. Il signale aux « citoyens instituteurs »