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paraissaient point, pendant la période précédente, inspirer à leurs devanciers la même sollicitude. On paraît s’être enfin rendu compte que l’heure est venue de faire, en faveur de Versailles, sans lésiner et en se conformant à un plan d’ensemble soigneusement étudié, des sacrifices qui, à vrai dire, seront plus apparens que réels. Versailles ne contribue-t-il pas à attirer dans notre pays, dans notre capitale, d’innombrables étrangers ? Et, se plaçant au point de vue du prestige de la France, auquel se rattache cet héritage historique et artistique, l’Etat n’a-t-il point le strict devoir de comprendre qu’il ne doit le laisser ni disparaître, ni s’amoindrir ?

Pour y réussir, il faudrait s’appliquer de plus en plus à rétablir ou à raffermir ce que nous appellerions volontiers les grandes lignes de Versailles, qui sont comme sa structure même : les façades ; la chapelle dont la voûte menace ruine ; les grandes constructions de l’Orangerie, — justement admirées par les hommes de l’art, — que l’on a commencé à consolider, mais qui réclament encore un travail considérable ; les appartemens où les parquets et les plafonds attendent une réfection devenue indispensable et qu’on ne devra accomplir qu’en prenant le plus grand soin des peintures, des sculptures, des boiseries, qui décorent cette suite de salons incomparables.

Dans le parc on a, pour l’instant, presque assez fait en ce qui concerne les bassins et les jeux d’eau, avec lesquels il faut toujours s’attendre à de coûteuses surprises. Mieux vaudrait reporter une notable partie des crédits sur le renouvellement des plantations et sur une sérieuse remise en état de l’accès même du château dans les cours duquel on se lasse de voir, entre des pavés lamentables, une herbe épaisse, et aussi un trop grand nombre de bâtimens délabrés, — les sénateurs et députés pourront s’en rendre compte de visu dans la cour où est l’entrée du Congrès. Ce qui n’est pas moins urgent, ce serait d’achever la réfection des façades sur les jardins ; déjà l’on y a beaucoup travaillé, mais, ici comme ailleurs, l’œuvre entreprise a été retardée par le manque d’argent, ainsi que le prouvent, avec une évidence fâcheuse, les déplaisans étais qui continuent à soutenir les murs de l’aile nord, entre la chapelle et le théâtre. Il n’est guère moins désirable que l’on finisse de replacer, sur les balustres du château, les trophées qu’on en avait jadis retirés bien à tort. Ils sont inséparables de l’œuvre architecturale de Mansart ; ils