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trop de sévérité. Où que ce soit, il n’en est, à vrai dire, en son genre, ni un plus complet, ni un plus remarquable. Qu’il y ait de nombreuses améliorations à y réaliser ; que l’on doive, même après les justes éliminations qui ont été faites, retirer de ses galeries, pour les remplacer par d’autres, certaines toiles vraiment trop faibles, brossées à la hâte sur l’ordre de Louis-Philippe, que l’âge et les événemens talonnaient, c’est à la fois très exact et très désirable. Cela ne signifie nullement que le caractère, avant tout historique, du musée, tel que le conçut, dans ses principales lignes, son fondateur, ne doive pas être maintenu. L’ordre chronologique, quoi qu’on en ait dit, offre un réel intérêt, en permettant de suivre, dans son essor et dans son unité, l’histoire même de la France, — dans la galerie des Batailles par exemple, — ou d’avoir une vue d’ensemble sur telle ou telle période de nos annales nationales, comme dans les salles des Croisades, les galeries consacrées aux fastes de la monarchie, les salles des guerres de la Révolution et de l’Empire, celles des guerres d’Afrique, de Crimée, d’Italie, pour ne rappeler que quelques-unes de celles que le public visite toujours avec le plus d’empressement et de curiosité. Loin donc d’abandonner ou de laisser tomber en désuétude cet ordre chronologique qui traduit une pensée patriotique, très juste, très louable, il faudrait, au contraire, reprendre et poursuivre l’exécution du plan primitif, en y apportant, comme l’a fait, à maintes reprises, le conservateur actuel, M. de Nolhac, notamment dans les salles du rez-de-chaussée et dans l’attique Chimay, plus de discernement et plus de goût qu’on n’en consacra autrefois à une œuvre digne de servir de type et de modèle, trop précipitée.

A cet égard, il reste beaucoup à faire ; l’espace ne manque pas à Versailles. Les salles du bâtiment affecté à la Chambre des députés, où se réunissaient ses commissions, et qui sont à présent tout à fait démeublées, semblent faites exprès pour recevoir de nombreuses suites de tableaux et des collections de médailles, de documens, d’objets de tout ordre. On y créerait très facilement une galerie de portraits qui pourraient être placés avantageusement, dans un jour propice, sans y être entassés et souvent difficiles à voir, comme ils l’étaient ou le sont encore dans les anciennes galeries. Dans ces salles nouvelles, tout en conservant et en complétant la série des toiles consacrées aux hommes de guerre ou aux victoires de notre armée, on aurait,