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d’art uniques ; un musée de la France nouvelle dans le reste du château. À cet égard, le rapport de M. de Montalivet renfermait un paragraphe qui n’a pas été assez remarqué ; faisant une part très large aux gloires civiles de tout ordre, — littérateurs, artistes, hommes d’État, inventeurs, magistrats, professeurs illustres, — il proposait de leur consacrer toute la partie du palais de Versailles, dont dispose actuellement la Chambre des députés. La Révolution de 1848 arrêta la réalisation de ce programme. Pourquoi ne le reprendrait-on pas ?

Ajouterons-nous que l’on ne saurait trop hautement approuver le caractère des récentes acquisitions, faites en faveur du musée. L’on pourra s’en assurer en parcourant les salles du rez-de-chaussée où l’on voit à présent tant de portraits, de tableaux, de bustes qui ont le double caractère d’ouvrages d’une réelle valeur artistique et d’authentiques documens.


IV

Pour constituer à Versailles un musée décoratif des XVIIe et XVIIIe siècles, qui serait sans rival, il suffirait de compléter ce qui, dès l’origine, avait été essayé dans la chambre de Louis XIV et dans quelques pièces avoisinantes. Il s’agirait de continuer à meubler dans le goût du temps, avec des meubles authentiques, les grands et petits appartemens de Louis XIV, de Louis XV, de Louis XVI, qui, ayant gardé à peu près intactes leurs décorations si variées, dues à des artistes tels que Lebrun, Coysevox, Coustou, Claude Perrault, Le Hongre, Le Gros, Tubi, les frères Marsi, Ballin, les Keller, Girardon, les Coypel, Jouvenet, Lespingola, Sarrazin, Lerambert, Lemoyne, Robert de Cotte, Bouf-fron, Vassé, Le Goupil, Roumié, Verbeckt, les Rousseau, les Caffieri, Boucher, de Troy, Nattier, les Vanloo, Parrocel, Lancret et tant d’autres, forment le milieu le mieux approprié au musée nouveau. On peut pressentir l’aspect absolument différent de celui d’aujourd’hui, qui serait tout aussitôt celui de ces appartemens, en se rappelant la luxueuse apparence, l’attrait, la vie, en un mot, qu’ils avaient reprise, lorsqu’ils furent provisoirement remeublés, à l’occasion de la visite de l’empereur et de l’impératrice de Russie. Peut-être ce brillant souvenir était-il présent à l’esprit du rapporteur du budget des Beaux-Arts,