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royal, et la Convention, comme pour affirmer sa victoire sur la monarchie, dont elle avait pris la place aux Tuileries, s’était fait livrer tout ce qui lui avait paru à sa convenance. Un cahier est plein du détail des meubles requis par la Convention (tables, bureaux, chaises, fauteuils, tapis, canapés, lits, tentures de toute sorte), dont ses délégués donnent décharge au séquestre de Versailles[1]. Les hospices et les hôpitaux reçurent à peu près tout ce qui fut enlevé des caves et des cuisines du Grand-Commun, naguère appelées le Gobelet et la Bouche. D’autres réquisitions furent moins justifiées, celles, par exemple, de Léonard Bourdon qui réclame « pour servir à la maison nationale d’éducation des orphelins de la patrie, à Paris » de fort beaux tapis d’Aubusson et un lustre de cristal de Bohême à branches et à tiges argentées provenant de la Comédie du château.

A la manufacture d’armes de Versailles on attribue les outils dépendant « du laboratoire de serrurerie de Capet » (meule mécanique, double roue en cuivre, laminoirs, etc.), le tout évalué à 1 983 litres[2]. Un particulier achète une table et le pourtour d’une laiterie, en marbre blanc veiné, pour 514 livres. Forge et laiterie, — plaisirs intimes de ce roi et de cette reine qui, comme pour complaire à l’ombre de Rousseau, jouaient à l’ouvrier et à la fermière, — se retrouvent dans ces enchères, aussi bien que tout l’attirail du veneur infatigable qui chassait encore, à l’heure même où la populace parisienne envahissait le château, le 5 octobre 1789. Sur réquisition de la municipalité de Versailles, le 17 août 1792, presque au lendemain de la prise des Tuileries, le porte-arquebuse du Roi remet les 78 fusils simples, les 5 fusils doubles, les pistolets garnis d’argent, poires à poudre, et autres objets que Louis XVI lui avait confiés.

Dans ces dossiers si nombreux, les liasses succèdent aux liasses, évocatrices du passé : « Bouche de Capet — Menus plaisirs et spectacles de Capet — garde-robes de Capet et sa femme — écuries de Capet et sa femme — vennerie (sic) de Capet — mobilier des frères, sœurs, neveux et tantes de Capet, de la ci-devant Adélaïde, du ci-devant Dauphin, de la ci-devant Lamballe,

  1. État estimatif des meubles, linges, effets, plombs, cuivres et selleries, remis comme objets aux différentes parties d’administration relatives au présent état estimatif (sic).
  2. Voir la pièce n° 2798. Procès-verbal des outils dépendans du laboratoire de Capet, remis à Boulet pour l’exploitation de sa manufacture d’armes.