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volonté pour en finir ; et nous ne disons pas de bonne volonté réciproque parce que nous avons déjà prouvé la nôtre, osons le dire, avec éclat. Nous avons fait jusqu’ici toutes les concessions ; nous attendons qu’on nous en fasse.

Les quatre questions dont nous venons de parler ne sont pas pour le gouvernement impérial d’un intérêt tel qu’il ne puisse s’y montrer conciliant. Il semble même que, sur les deux dernières, qui sont les plus graves, il ait plutôt pour préoccupation de ménager l’amour-propre du Sultan que de veiller à des intérêts allemands. L’amour-propre du Sultan est chose délicate, sans doute, et précieuse ; mais il y en a de plus importantes dans la négociation en cours entre nous, et ne pense-t-on pas qu’il serait excessif de sacrifier complètement celles-ci à celle-là ? La présence de M. Rosen à Paris, et ses conversations personnelles et directes avec nous remettront tout au point. M. Rosen n’aura pas de peine à reconnaître notre sincère désir d’entente, et nous espérons qu’il y répondra.


Le nouveau traité anglo-japonais n’a pas encore été publié, mais il est connu dans ses grandes lignes. C’est un traité d’alliance politique et militaire qui comprend dans le domaine de son action défensive, non seulement l’Asie Orientale, mais encore les Indes. Nous voilà bien loin des traditions qui paraissaient s’être établies en Angleterre dans la seconde partie du dernier siècle, et qui la portaient à ne s’engager dans aucune alliance continentale. On croyait assez volontiers que c’était là désormais une loi de la politique britannique ; mais tant de choses ont changé chez nos voisins depuis quelque temps qu’il ne faut pas s’étonner que le changement ait porté aussi sur ce point. L’Angleterre, uniquement préoccupée de la sauvegarde de ses intérêts, — et ce n’est pas nous qui l’en blâmerons, — varie ses moyens et ses procédés suivant les circonstances et ne s’attache définitivement à aucun. Pendant d’assez longues années, elle a cru plus prudent de ne pas faire de traités d’alliance, et elle n’en a pas fait. Depuis, elle a jugé préférable d’en faire, et aussitôt elle en a fait un avec le Japon. Le traité de janvier 1902 devait durer cinq ans ; il n’en a duré que quatre. Non pas que l’Angleterre ait jugé à propos de le dénoncer et d’y renoncer avant terme ; bien au contraire ! elle n’a pas voulu attendre davantage pour en faire un nouveau encore plus étroit, encore plus explicite que le premier. Il s’en distingue, en effet, par deux dispositions principales : l’une est que l’Angleterre s’engage à prêter son appui au Japon même contre un