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Haute-Alsace. Il nous suffit d’avoir montré que les faits, d’accord, d’ailleurs, avec les principes, ont prévalu contre l’opinion exprimée, en 1871 et depuis, par le colonel Laussedat.

Enfin, le colonel a invoqué contre l’échange territorial la faible différence existant entre la superficie totale des communes à recouvrer et celle des communes à céder. Il est vrai que, plus tard, quand M. de Bismarck eut consenti à élargir la zone autour de Belfort jusqu’au Ballon d’Alsace, le colonel n’insista plus sur ce point.

Jusqu’au 7 mai, la question de l’échange tint la plus grande place dans les conférences de Bruxelles. Quand la Commission se transporta à Francfort, le colonel Laussedat continua à y défendre la thèse qu’il avait soutenue antérieurement, mais il paraît avoir eu peu d’influence sur nos négociateurs qui s’attachaient à demander l’agrandissement du rayon de Belfort. C’est alors que les Allemands offrirent de leur donner satisfaction sous ce rapport, en faisant entrer dans la zone concédée autour de la place les territoires des cantons de Belfort, de Delle et de Giromagny, et une partie de celui de Fontaine. Après avoir proposé un premier tracé englobant les communes lorraines dont ils demandaient la cession, ils le modifièrent par un autre plus avantageux pour la France. Enfin, au dernier moment, ils se déclarèrent prêts à étendre encore le territoire de Belfort par l’adjonction d’une vingtaine de communes.

En résumé, le tracé de la frontière suivrait la ligne de partage des eaux et des langues, indiqué par M. Gustave Renault, depuis le Ballon d’Alsace jusqu’à la frontière suisse, vers Réchésy, si ce n’est aux abords du point de rencontre du canal du Rhône au Rhin et du chemin de fer de Belfort à Mulhouse, où il s’en détacherait pour dessiner vers l’Ouest une courbe dont l’autre extrémité venait rejoindre cette ligne de partage non loin de Chavannes-les-Grands. Cette courbe était destinée à enfermer en territoire allemand le seuil du canal. Ainsi, la route stratégique de Belfort à Remiremont par Giromagny et le Ballon d’Alsace devait rester à la France.

Le Roi et M. de Bismarck étaient pressés de conclure la paix ; M. Thiers, redoutant l’ingérence des Allemands dans nos affaires intérieures, et très préoccupé par la lutte à soutenir contre l’insurrection de la Commune, n’avait pas moins hâte d’en finir. Le traité fut signé le 10 mai. Il reproduisait, en ce qui concerne