Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enseignant le respect d’une armée dont une famille est la cime, et soucieuse avant tout de graver dans les imaginations, au fur et à mesure qu’elles s’éveillent, une idée nette et forte de la grandeur de l’Allemagne.

« L’Allemagne, l’Allemagne au-dessus de tout, dans le monde, — si elle reste fraternellement unie pour la défense comme pour l’attaque, — de la Meuse au Memel, de l’Adige au Belt. L’Allemagne, l’Allemagne au-dessus de tout dans le monde !

« Les femmes allemandes, la fidélité allemande, le vin allemand et le chant allemand, — doivent conserver dans le monde leur vieille et noble réputation, — en même temps que nous exciter aux nobles exploits toute notre vie. — Femmes allemandes, fidélité allemande, vin allemand et chant allemand !

« La concorde, la justice et la liberté pour la patrie allemande, — voilà ce que nous voulons conserver dans un même élan de fraternité. — La concorde, la justice et la liberté sont le gage du bonheur. — Prospère dans l’éclat de ce bonheur, prospère, ô patrie allemande ! »

Il n’est pas d’enfant, au-delà du Rhin, qui ne chante ces paroles, et qui ne les sente, et qui ne les vive, comme il n’en est aucun qui n’ait eu l’occasion de lire ou d’apprendre par cœur les poésies patriotiques des Kœrner, des Arndt et des Ruckert. Dans les cérémonies auxquelles donne lieu l’anniversaire de l’Empereur, ce sont ces poésies que récitent les jeunes lauréats des écoles ; dans les défilés qui se déroulent à certains jours à travers les villes allemandes, ce sont elles encore qu’entonnent, de concert, les vétérans des sociétés patriotiques et le grave petit cortège des écoliers, souriant les uns et les autres à l’uniforme militaire, les uns comme à un souvenir, les autres comme à un espoir.

Un de nos inspecteurs généraux de l’enseignement primaire, M. Jost, se complaisait naguère, dans des publications pédagogiques justement appréciées, à étudier la préparation patriotique de l’instituteur allemand, et à noter, année par année, les motions et les vœux qui trouvaient faveur, au-delà du Rhin, dans les conférences d’instituteurs ; certaines de ces décisions spontanées sont toujours dignes d’être retenues, comme un enseignement, sinon comme une alarme. « L’école, déclarait en 1881 la conférence d’instituteurs réunie à Zerbst, doit donner aux élèves une éducation patriotique ; l’enseignement de