Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 29.djvu/896

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette protection aurait, d’ailleurs, été insuffisante pour décider les armateurs américains à entreprendre la navigation de concurrence. Elle ne comblait pas l’écart existant entre les frais de construction et d’exploitation aux États-Unis et ces mêmes frais en Angleterre. La Commission a donc proposé un subside direct à l’armement. L’analyse du projet de loi qu’elle a élaboré permettra de préciser l’importance de ce subside et d’apprécier l’effet des diverses mesures imaginées pour donner un nouvel essor à la marine marchande américaine.


III. — LA LÉGISLATION PROPOSÉE

Le projet de loi de la Commission a un caractère de simplicité que beaucoup de législations sur la marine marchande pourraient à bon droit lui envier. Le rapport qui en forme comme l’exposé des motifs met en relief la nécessité d’avoir une flotte de commerce américaine, des équipages américains et des lignes régulières postales américaines sur certains pays. Le texte proposé résout ces trois problèmes avec le moins de complications possible.

Le mérite est grand, surtout en ce qui concerne le premier de ces problèmes, celui au sujet duquel tant de systèmes différens avaient été préconisés et discutés. La Commission prévoit deux genres de primes qui se cumulent : 1° une prime annuelle directe de 25 francs par tonneau de jauge brute ; 2° une remise des quatre cinquièmes des droits de port perçus aux Etats-Unis. Tout navire américain inscrit à une classe suffisante des registres maritimes et affecté pendant toute l’année à la navigation de concurrence a droit à cette double faveur.

Ainsi l’uniformité de traitement est complète. Un voilier, un vapeur, un navire en bois, en fer, en acier reçoivent les mêmes avantages. On leur demande seulement d’être de bons échantillons du type auquel ils appartiennent et de faire du long cours. On va même plus loin. Les navires-pêcheurs de haute mer sont assimilés aux transporteurs long-courriers. On leur sait gré de former des marins.

Le public français sera surpris sans doute de voir les Américains, peuple essentiellement « en avant, » donner des primes égales aux voiliers et aux vapeurs. Souvent, en effet, on se plaît à représenter la navigation à la voile comme une navigation