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d’artificiel et d’incertain dans cette accélération. Beaucoup de matelots « prennent leurs papiers » aux États-Unis pour avoir la paix avec les syndicats, puis, leur service terminé et l’âge de la retraite arrivé, rentrent chez eux en Europe et bénéficient de leur nationalité d’origine. Au point de vue de l’indépendance et de la défense nationales, les États-Unis ne peuvent pas compter sur ces soi-disant Américains.

C’est pour remédier à cet état de choses que le projet de loi prévoit la création d’un corps de volontaires de la flotte. Pendant trois ans, ces volontaires seront à la disposition du Président de la République, qui pourra les appeler à servir sur les navires de l’État en temps de guerre. Mais ils feront ordinairement partie des équipages de la marine marchande. Ils recevront, en plus des salaires qu’ils pourront acquérir de ce chef, un traitement annuel variant suivant leur qualification et évalué en moyenne à 250 francs.

Les armateurs devront, s’ils veulent toucher la prime directe, avoir à bord une proportion de volontaires représentant un huitième de leur équipage. Cette proportion ira en croissant et atteindra un quart en 1916. Ils conserveront toute liberté en ce qui concerne la composition du reste de leurs équipages.

On le voit, c’est une sorte d’inscription maritime très atténuée que les États-Unis organiseraient pour s’assurer un corps de marins nationaux.

Avec les primes et les volontaires de la flotte, les deux premiers buts de la Commission sont atteints. Elle espère susciter ainsi une marine marchande américaine et des équipages américains.

Il reste à créer des lignes postales régulières. Le projet de loi détermine la direction, la fréquence et la vitesse de chacun des services prévus, fixe les subventions à accorder aux compagnies américaines qui les entreprendront et les conditions générales du cahier des charges qui leur seront imposées.

Dix lignes postales sont établies par le projet, sur le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine, le Mexique, l’Amérique centrale, Cuba, Hawaii, le Japon et la Chine, les Philippines. Aucune ligne nouvelle sur l’Europe n’est prévue ; la Commission dit expressément dans son Rapport que les États-Unis ne veulent pas faire la course avec les lévriers (Grey hounds) de l’Atlantique-Nord[1].

  1. Annual Report, p. 29.