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Les vitesses imposées varient de 12 à 16 nœuds. La dépense totale annuelle pourra atteindre 13 335 000 francs. Elle s’ajoutera aux 6 879 206 francs que coûtent déjà les cinq lignes actuellement existantes, savoir : l’American Line de New-York à Southampton ; l’Oceanic Line de San-Francisco à l’Australie ; la New-York and Cuba Mail, de New-York à Cuba et au Mexique ; la Red. D. Line. de New-York au Venezuela et aux Antilles hollandaises ; l’American Mail, de Boston et Philadelphie à la Jamaïque. Les États-Unis donneront ainsi plus de 20 millions de subventions postales.

« On reconnaîtra, dit le rapport de la Commission[1], que toutes les lignes nouvelles proposées suivent des routes commerciales importantes et que plusieurs d’entre elles prennent une valeur spéciale en raison des relations politiques qu’elles peuvent créer. » L’ambition des États-Unis est discrètement indiquée dans ces quelques mots. Ce n’est pas seulement la doctrine de Monroe, même entendue à la manière nouvelle, qui les guide. Car, en dehors du Continent Américain, en dehors même de leurs possessions actuelles d’outre-mer, ils visent, par leurs lignes postales, l’influence politique en Extrême-Orient, voire même la domination du Pacifique.

Tout le projet de loi est inspiré d’ailleurs par le désir avoué de sortir de la période d’isolement où les États-Unis ont vécu jusqu’ici. A coup sûr, les préoccupations économiques ont été prises en sérieuse considération, et l’avantage commercial de posséder une marine marchande nationale a mis en mouvement la plupart des personnes qui sont venues déposer à l’enquête. Mais l’avantage politique aura probablement plus de prise sur les membres du Congrès appelés à voter les propositions de la Commission. L’esprit d’impérialisme qui souffle de l’autre côté de l’Atlantique disposera l’opinion publique à accepter les charges considérables que le nouveau régime doit entraîner pour le budget fédéral.

Ces charges sont lourdes. En dehors des subventions postales dépassant 20 millions, en dehors des remises de droits de port dont il est difficile d’apprécier l’incidence exacte, les primes directes prévues nécessiteraient, d’après le calcul de la Commission[2], une dépense de 12 millions de francs par an dans l’état

  1. Annual Report, p. 26.
  2. Report, p. 35.